[cinéma]jean-pierre Melville, Le film noir français, c'est lui...
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[cinéma]jean-pierre Melville, Le film noir français, c'est lui...
rikausse |
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#1
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Goule ![]() ![]() ![]() ![]() Groupe : Membres Messages : 719 Inscrit le : 25/05/2002 23:00 Membre no. 53 ![]() |
Je pense que certains d'entre vus connaissent quelques uns de ses films tels que Le Cercle Rouge ou Le SamouraĂŻ.
![]() Portrait ![]() Jean-Pierre Grumbach naquit le 20 octobre 1917 en Alsace. Dans sa jeunesse, il étudia à Paris où il découvrit les grands films de l'époque. Nous pouvons cité le documentaire muet de Robert J. Flaherty et W.S. Van Dyke, White Shadows in the South Seas (1928). Il laissa une marque si profonde dans l'adolescence de Grumbach qu'il devint un client régulier du cinéma. Sa carrière fut devancée par son service dans l'Armée Française en 1940. Sous son nom de guerre de Melville, Il aida la Résistance. En partant pour l'Angleterre, il rejoigna les Forces Françaises Libres et pris part à la libération de l'Eurpoe Continentale par les Alliés. Après la guerre, il se rendit compte que son pseudonyme lui collait à la peau et le conserva. Le nom de 'Melville' n'est pas immédiatement associé avec le 7ème art. Il évoque plutôt des images de baleines blanches et de capitaines détraqués : Herman Melville bien sur. Et pourtant, pendant plus de trente ans, il a été porté par un des plus grands cinéastes français. Jean-Pierre Melville, dont l'art a été aussi révolutionnaire que celui du romancier éponyme. Le thème récurrent des films de Melville n'est pas le crime mais plutôt la loyauté envers ses compagnons et le respect pour un code d'honneur. Ces notions font partie de la psychologie de Melville et dérivent certainement de son implication dans la Résistance Française pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Son style est surtout inhabituel. Ses plateaux sont sombres et claustrophobiques, ses gros plans éclairés par le bas annoncent une divergence avec le cinéma hautement culturel de René Clair, Marcel Pagnol, Abel Gance ou de Jacques Feyder. Ce n'est ni de la comédie, de l'avant-garde ou du drame en costume. C'était clairement quelque chose de nouveau mais on peut retrouver ses racines dans La Grande Illusion (1937) de Jean Renoir. Pendant les années 1950 et 1960, Melville dirigea des films qui influencèrent les auteurs de La Nouvelle Vague. Son génie réside dans sa simplicité. Melville admirait la culture américaine : il conduisait sa Cadillac dans Paris portant un Stetson et des lunettes d'aviateur. Il buvait du Coca-Cola et écoutait la radio américaine. Les travaux des réalisateurs US John Ford et Howard Hawks étaient atttrayants pour lui puisqu'ils étaient des sagas sans ages de héros et de méchants. Melville construisit son monde en mélangeant ces héros américains avec ses sensibilités d'après guerre. Il forgeait ainsi sa propre vision de la tragédie. Dans celle-ci, un criminel pouvait être un héros dans son milieu tant qu'il suivait ses paroles et ses allégeances. En fait, c'était son style personnel et son adhésion au code d'honneur qui faisait de lui 'un homme bon'. Inversement, c'était sa foi en les autres qui causait sa perte. Dans ce monde, le salut n'existait pas et où l'amour et l'amitié ne sont que de brefs interludes dans le jeu du chat et de la souris qui mène à une destruction certaine. De plus, les films de Melville sont construits en apportant une attention particulière au temps et aux lieux tout en conservant un scénario bien structuré. Les fans d'Hollywood leur reprochent leur lenteur et la sur-importance du ton et du style. A sa mort en 1973 à la suite d'un infractus, le réalisateur de 55 ans avait dirigé seulement quatorze films dont au moins six sont devenus des classiques. Aux cotés de Jean-Luc Godard et François Truffaut, des sommités telles que John Woo, Quentin Tarantino, Michael Mann, Johnny To et Martin Scorsese l'ont cité comme une influence décisive. Filmographie Vingt-Quatre Heures de la Vie d'un Clown (1945) Court métrage Le Silence de la Mer (1947) ![]() Réalisation : Jean-Pierre Melville Scénario : Jean-Pierre Melville, d’après le roman de Vercors Distribution : Howard Vernon (Werner Von Ebrennac), Nicole Stéphane (la nièce), Jean-Marie Robain (l’oncle) Synopsis : Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, un officier allemand Werner Von Ebrennac est logé dans une maison d'un petite ville de la France occupé. Il vit avex une jeune femme et sa nièce qui, pour lui signifier leur mépris, refusent de lui adresser la parole. Chaque soir, quand ils se retrouvent ensemble, Von Ebrennac tente de rompre le silence avec des histoires idéalisées de sa propre vie et de son propre pays. Néanmoins, le silence continu de ses hotes malgré eux ont un effet stupéfiant sur lui... Opinion : Ceci est le premier film notable de Jean-Pierre Melville, un réalisateur qui s'est établi comme le maitre français du thriller durant les années 1950 et 1960. Malgré un faible budget (la plupart du film étant un huis clos avec seulement trois personnages), il reste un film irrésistible qui expose un très fort constat contre la guerre d'une manière des plus subtiles. Les Enfants Terribles (1949) ![]() Réalisation : Jean-Pierre Melville Scénario : Jean Cocteau d’après son roman Distribution : Nicole Stéphane (Elisabeth), Edouard Dermithe (Paul), Renée Cosima (Dargelos / Agathe), Jacques Bernard (Gérard), Melvyn Martin (Michael) Synopsis : Paul vit avec sa soeur ultra-protectrice Elisabeth et sa mère mourrante. Quand Paul se blesse durant une bataille de boules de neiges, Elisabeth prend soin de lui bien qu'elle le se moque de lui à longueur de temps. Ils sont inséparables, paratgeant le même lit et jouant à des jeux étranges. Même quand Elisabeth épouse un riche homme d'affaire, ils continuent à vivre ensemble avec leurs amis Gérard and Agathe. Mais un jour, Elisabeth découvre qu'Agathe et Paul sont amoureux… Opinion : Le roman provocateur de Jean Cocteau publié en 1929 a souffert d'une difficile transition au cinéma. Il fut largement condamné pour ses allusions à l'inceste. Pourtant ce film est magnifique car il joue sur la force de deux créateurs : Jean Cocteau, auteur d'un imaginaire poétique et de Jean-Pierre Melville, un réalisateur ayant les pieds sur terre. Le résultat est une étude obsédante d'un amour obsessionel entre un frère et une soeur qui tournera rapidement à l'amour destructif qui empoissonnera non seulement leur vie mais aussi celle de ceux qui les entourent. La mauvaise relation entre Cocteau et Melville durant le tournage se ressent dans l'atmosphère glaciale du film. Mais heureusement, la présence du génie Henri Decae à la photo transcende le film. Son utlisation des reflets, des mouvements et des positions de caméra peu orthodexes donnent l'illusion et l'intimité d'un cauchemar à la Cocteau. Il comble ainsi le gouffre entre le monde matérialste de Melville et celui fantastique de Cocteau. Quand Tu Liras cette Lettre (1953) Aucun renseignement concret sur ce film Bob le Flambeur (1955) ![]() Réalisation : Jean-Pierre Melville Scénario : Auguste Le Breton et Jean-Pierre Melville Distribution : Roger Duchesne (Bob Montagné), Isabelle Corey (Anne), Daniel Cauchy (Paolo), Guy Decomble (Inspecteur Ledru), Gérard Buhr (Marc), Claude Cerval (Jean) Synopsis : Un criminel reconnu, Bob Le Flambeur se contente maintenant de jouer et de fréquenter les casinos dans les quartiers louches de Paris. Il est convaincu que ses jours en tant que gangsters sont terminés, jusqu'à ce qu'il rencontre un de ses anciens complices qui a des nouvelles qui pourraient l'intéresser. Le Casino de Deauville a un coffre contenant plusieurs centaines de millions de francs. A court de liquidités, Bob décide de monter son dernier grand casse. Il recrute de nombreux anciens amis criminels et planifie avec minutie. Malheureusement, le jour du cambriolage, les choses vont rapidement tourner mal. La chance de Bob semble avoir pris un tournant inattendu… Opinion : Manquant de l'impact sombre de certains de ses films de gangsters, Bob le Flambeur est tout de même un impressionnant premier jet dans le genre qui a rendu célèbre Melville. Son sens de la tension et du suspens est présent comme dans tous ses thrillers. Mais il reste tout de même dans un ton plus léger avec quelques touches comiques. Comme dans tous les scripts co-écrits par Melville, les personnages de Bob et de ses acolytes sont bien construits et dans lesquels ont croient. Typiquement, Melville ne distingue pas la perspective morale de la police et des criminels, il laisse le soin au spectateur de juger à travers leurs actions qui est le héros et qui est le méchant. En créant une morale ambiguë pour les criminels et les forces de l'ordre, l'histoire a un impact plus dramatique que les films de gangsters traditionnels (où les rôles sont déterminés par l'intermédiaire de stéréotypes conventionnels). Ceci donne une opportunité supplémentaire au suspens et rend les développements du scénario imprévisibles. |
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rikausse |
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Goule ![]() ![]() ![]() ![]() Groupe : Membres Messages : 719 Inscrit le : 25/05/2002 23:00 Membre no. 53 ![]() |
Le SamouraĂŻ (1967)
![]() Réalisation : Jean-Pierre Melville Scénario : Jean-Pierre Melville et Georges Pellegrin, d'après le roman "The Ronin" de Joan McLeod Distribution : Alain Delon (Jef Costello), François Périer (Superintendent), Nathalie Delon (Jane Lagrange), Cathy Rosier (Valerie), Jacques Leroy (Gunman) Synopsis : Jef Costello est un tueur professionnel qui vit avec ses propres règles et qui n perd jamais. Néanmoins, il est arrêté par la police suite au meurtre d'un propriétaire de night club. Il est retenu comme leur suspect numéro un. Il a apparemment un alibi en béton fourni par son amie, il est donc relâché de sa garde à vue. Le commissaire reste pourtant convaincu de sa culpabilité et le place sous surveillance. Pendant ce temps-là , les employeurs de Costello s'inquiètent de son arrestation et envoie une personne pour le tuer. Pourchassé à la fois par la police et des tueurs professionnels, le temps est compté pour Jef Costello… Opinion : Ce film devrait être principalement regardé comme un policier classique avec ses trois ingrédients principaux : Delon, Melville et Decae, une recette parfaite. Alain Delon est brillant en tueur solitaire, implacable et sans émotions. Peu d'acteurs ont le charisme suffisant pour jouer un personnage comme celui-ci qui est clairement un méchant mais avec un minimum de dialogues et d'expressions faciales. Ce film transcende le conventionnel thriller en plaçant sur un pied d'égalité la police et les tueurs sous contrats. Le commissaire apparaît encore plus impitoyable et faux que les employeurs de Costello. C'est en fait, Costello qui tient le haut du pavé du point de vue de la moralité, chose qui est très bien mis en valeur dans la conclusion du film. La seule faute de réalisation de Melville est peut être son attention trop portée sur les détails ce qui ralentit voire fige l'histoire par moment. L’Armée des Ombres (1969) ![]() Réalisation : Jean-Pierre Melville Scénario : Jean-Pierre Melville, d’après le roman de Joseph Kessel Distribution : Lino Ventura (Philippe Gerbier), Paul Meurisse (Luc Jardie), Jean-Pierre Cassel (Jean-François), Simone Signoret (Mathilde), Claude Mann (Le Masque), Paul Crauchet (Félix), Christian Barbier (Le Bison) Synopsis : Durant l'occupation nazi, Philippe Gerbier est chef de la Résistance Française. Il est arrêté et envoyé dans un camp de prisonniers quand un de ses collègues le trahit. Il réussit à s'échapper et le traité est trouvé et exécuté. Pendant que Gerbier et d'autres chefs de la Résistance sont à Londres pour recevoir des décorations du Général de Gaulle, Félix, une figure clé de la Résistance, est arrêté à sont tour. A son retour en France, Gerbier et ses alliés décident de secourir Félix, une tache qui semble difficile puisqu'il est détenu dans une prison de haute sécurité. Opinion : dans ce film, Jean-Pierre Melville utilise ses propres expériences de guerre pour faire une peinture réaliste et frappante de la vie de la Résistance pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le film se rapproche d'ailleurs plus d'un documentaire que d'un traditionnel film d'action. Par conséquent, les personnages centraux ont une grande profondeur et leur héroïsme ne se traduit pas par des actes de bravoure mais plutôt par leur détermination à s'opposer à l'occupant allemand mais aussi à survivre. Melville dresse ici sa vision d'un monde clandestin où la moralité n'est ici pas ambiguë. C'est un film sur des individus, leurs dilemmes et leurs agonies personnelles. Le Cercle Rouge (1970) ![]() Réalisation : Jean-Pierre Melville Scénario : Jean-Pierre Melville Distribution : Alain Delon (Corey), Bourvil (Mattei), Gian Maria Volonté (Vogel), Yves Montand (Jansen), André Ekyan (Rico), François Périer (Santi), Yves Arcanel (Le juge d'instruction) Synopsis : Un meurtrier condamné, Vogel s'échappe de sa garde à vue en même temps qu'un escroc, Corey, est relâché de prison. Les deux hommes se rencontrent et s'allient avec un troisième homme, Jansen, un ancien detective pour réaliser un ambitieux cambriolage. Sur leurs traces, un commissaire tenace : Mattei. Opinion : Ceci est le dernier grand film de Jean-Pierre Melville, hommage au film noir des années 1940. Il a ainsi démontré qu'il n'a pas seulement compris le genre mais a vécu et respiré par et pour lui. Dans ce film, il va plus loin qu'il n'est jamais allé en créant un monde clos avec ses propres règles et ses propres risques sans l'ambiguïté morale du mode réelle. Il unit trois légendes cinéma français : Delon, Bourvil et Montand. Un casting superbe qui marche bien. Malgré la maladie, Bourvil est captivant comme jamais, faisant de son personnage une combinaison d'insécurité et de détermination pour réussir. Un Flic (1971) ![]() Réalisation : Jean-Pierre Melville Scénario : Jean-Pierre Melville Distribution : Alain Delon (Commissaire Edouard Coleman), Richard Crenna (Simon), Catherine Deneuve (Cathy), Riccardo Cucciolla (Paul Weber), Michael Conrad (Louis Costa), Jean Desailly (Le monsieur distingué) Synopsis : Un groupe d'escrocs mène un cambriolage de banque puis un incroyable hold-up de train. Quand il enquête sur les crimes, le Commissaire Coleman découvre qu'ils étaient dirigés par son ami, le propriétaire de night club Simon, encouragé par son amie, Cathy… Opinion : Pour son dernier film, Jean-Pierre Melville retourne au genre dans lequel il se sent le plus confortable : le thriller existentialiste. Bien qu'il soit fait dans le même moule que des chefs d'oeuvre tels que Le Cercle Rouge, Le Deuxième Souffle et Le Samouraï, Un Flic est loin d'être satisfaisant et est considéré comme un de ses moins bons films. La difficulté est que le film s'égare dans l'abstrait et perd contact avec le public. Apparemment, Melville ne parle à personne d'autre qu'à lui. Il est aussi beaucoup moins abouti techniquement que ses précédents films peut-être parce que justement il n'a pas réussi à récolter les fonds nécessaires. |
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