IPB

Bienvenue invité ( Connexion | Inscription )

[ En ligne ] · Standard · Linéaire+

> Deux Jours En Lettonie, Feat. Photos

piotr
post 19/11/2008 19:09
Message #1


Sale con
****

Groupe : Modérateurs
Messages : 2,054
Inscrit le : 16/05/2002 23:00
Lieu : Donnery (F-45450)
Membre no. 18



Mais pourquoi, pourquoi diable la Lettonie ? Qu'est-ce qu'on peut bien trouver à aller faire dans ce petit État balte coincé entre l'Estonie, la Lituanie et la Russie, en plein mois de novembre et avec une météo annoncée comme dégueulasse ?

user posted image

Pour les déficients en géographie et/ou en histoire, la Lettonie est un État riche d'une histoire longue et complexe, qui a vu défilé quantité d'envahisseurs tant polonais, qu'allemands, et surtout soviétiques. De 1940 à 1991, la Lettonie fut une république socialiste soviétique (la RSS de Lettonie, donc) où s'est exprimé tout le totalitarisme des rougeauds de Moscou et de la clique de bouchers menée par Lénine, Staline et ses successeurs, à grands coups notamment de déportations de masse dans les camps sibériens.

C'est un désormais un État indépendant, comme il l'a été par le passé avant l'annexion soviétique. C'est un membre de l'Union européenne depuis 2004, ainsi qu'un membre de l'OTAN depuis la même date. Le pays compte un peu plus de 2,2 millions d'habitants, dont 885 000 environ rien que pour la capitale Rīga. Le pays n'est pas bien grand, 65 000 km2 seulement, et essentiellement recouvert de forêts variées à perte de vue.

À première vue, pas vraiment grand chose de particulier ne pousse à s'y rendre. Mais après tout, pourquoi pas. En fait, l'occasion de se rendre en Lettonie s'est présentée alors que la petite ville de Smiltene, à 130 km à l'est de la capitale, et avec laquelle nous avions déjà eu des contacts par l'entremise de Wiesenbach, a invité une délégation d'élus de Donnery, là où je vis donc, pour 2 jours, afin de partager avec eux la célébration du jubilée du 90ème anniversaire de leur (première) indépendance. Comme mon père siège au conseil municipal de Donnery, il a demandé à ma mère et à moi si on souhaitait être du voyage. Et comment donc.

Passeport en poche, on a décollé de Roissy vendredi à 14h40 sur le vol airBaltic BT692 à destination de Rīga à bord d'un Boeing 737-300 pour atterrir à 17h30 heure locale, sous un épais plafond nuageux. Là nous attendait une navette ( = un minibus Volkswagen) qui devait nous conduire à Smiltene à 130 km de là. Avant de partir, on nous remet le programme pour les 2 jours à venir. Pas de bol, il n'y a pas de visite de Rīga de prévue. Groumph. Mais c'est pas grave, le temps est court. Il est toutefois possible d'apercevoir le centre historique de la ville au cours du trajet qui nous mène de l'aéroport à notre destination. L'architecture est élégante, et on est loin des styles chargés de certains autres pays de l'est. Les édifices religieux sont superbes, tant orthodoxes que protestants.

En guise de substitution, nous irons donc visiter les environs immédiats de Smiltene, et notamment, pour bien commencer les choses, une brasserie, puis un château médiéval en ruines façon "bataille bourrin", etc. Bref, de petites chose. Le lendemain, visite des installations communales, vu qu'il s'agit avant tout d'une visite entre élus, avant de prendre part aux festivités organisées localement, un peu comme pour leur 14 juillet à eux. Rīga n'étant pas assez grande, et ne disposant pas des infrastructures nécessaires pour organiser un événement de cette envergure à l'occasion des 90 ans de leur indépendance, chaque grande ville organise ses propres fêtes.

Cent trente kilomètres séparent Rīga de Smiltene, ce qui fait que nous devons traverser une bonne partie du pays par la route. Une fois sortis de la capitale, c'est l'obscurité qui m'a frappé. Même si la veille était jour de pleine Lune, la couverture nuageuse était trop épaisse pour laisser passer la lumière. Et en pleine campagne lettone, rien n'est éclairé. Pas de réseau de lampadaires, pas d'éclairage des axes routiers, ni même des carrefours ou des panneaux. Rien, que dalle. Ça doit être grandiose pour l'astronomie. Par contre, il y a des trucs qui choquent, comme par exemple un passage à niveau qui traverse l'autoroute. Si, si.

Le maire de Smiltene avait fait arranger l'hébergement dans un hôtel réellement sympathique où nous avons pris notre repas. Et là, on a pu constater que les lettons savaient recevoir en contemplant la taille des portions servies. C'est gigantesque, et en plus c'est pas cher. Après une journée assez chiante à voyager (Roissy c'est toujours un vrai bonheur, c'était plus que bienvenu).

Ce n'est que le lendemain que j'ai pu apprécier le cadre autour, pas vraiment inquiétant, mais comme encastré dans de la verdure.

user posted image

On a quand même fait pire, c'est en tous cas mieux qu'un Formule 1 encastré en banlieue parisienne entre 2 barres d'immeubles bétonnées.

user posted image

Et toujours cette horrible météo. Ciel gris, pesant, pluie … Pas de regrets à avoir, il faisait le même temps dans le Loiret. À 10 heures, notre chauffeur vient nous chercher pour nous emmener à Cēsis afin de commencer notre visite. Vu le temps, j'espérais qu'ils allaient nous prévoir des intérieurs. Les occasions de prendre des photos sont donc très limitées, avec la pluie battante, les gouttes sur l'objectif ne facilitent pas vraiment les prises de vues.

Toujours est il qu'à Cēsis on fait de la bière, et on la fait bien, grâce à une brasserie moderne

user posted image

Nous sommes ensuite allés visiter le centre de formation des instructeurs militaires de l'armée lettonne, car le mari d'une de nos guides était lui même instructeur là bas. Avec 15 ans à ce poste, il a failli commencer par faire ses classes dans l'armée soviétique, il s'en est bien tiré. L'armée lettonne ne compte que 6000 hommes, mais ce sont tous des professionnels, parce que là bas, la conscription pour l'étoile rouge de Moscou a laissé de mauvais souvenirs. Il faut aussi savoir qu'en temps que membre de l'OTAN, la Lettonie a envoyé des hommes en Iraq et en Afghanistan. Pour autant que je sache, le pays ne figure pas sur la liste des cibles privilégiées des terroristes, et ça ne l'empêche pas d'y engager des troupes ... Pas de photos sur place, parce qu'il a fallu faire l'interprète, et on ne peut pas tout faire.

Quand les soviétiques sont partis, il a fallu rééquiper l'armée. Les suédois ont fourni une partie du matériel, mais j'ai remarqué que l'influence de l'armée des États-Unis se faisait de plus en plus grandissante. Outre de l'aide logistique et matérielle (notamment la protection de l'espace aérien par l'entremise des forces de l'OTAN), on sent le poids de l'oncle Sam jusque dans le laboratoire de langues. Cette salle flambant neuf contient moult ordinateurs, payés directement par l'US Army. De plus, les cahiers de cours sont estampillés "American Language Courses" ... je suis sûr que les britanniques adoreraient.


Et puis c'est en milieu d'après midi qu'on se rend au château de Cēsis. Alors quand je dis château, il s'agit en fait de ruines, mais quand les murs font 5 mètres d'épaisseur, même les batailles les plus enragées ne suffisent pas à tout faire disparaître. Pourtant les envahisseurs ont été nombreux : polonais, allemands, russes tsaristes, nazis, et soviétiques … voilà pour le décor.

Comme à cette latitude (57°26′N soit à peu près la même qu'à Copenhague au Danemark), la nuit a la fâcheuse tendance à tomber beaucoup trop tôt en hiver, la lumière a vite dégringolé, ce qui pour prendre des photos craint un max. Combiné à la pluie, ça n'a pas vraiment non plus aidé à pouvoir capturer toute l'atmosphère qui se dégageait du lieu.

user posted image
user posted image

Détail cocasse, l'intérieur des ruines se visite à la lanterne à bougie ... Peut-être que c'est supposé rajouter une touche médiévale ? Toujours est-il qu'alors que le reste du groupe rentre se mettre à l'abri, j'essaye de prendre des photos dans la semi-obscurité et la pluie. Et c'est pas facile, surtout quand faut se magner. Et en fait ça gonfle.

user posted image

La petite histoire veut que quand les livoniens en garnison se sont retrouvés à 300 contre les 3000 hommes russes du tsar Ivan Groznyi, aka Ivan le Terrible, ils ont préféré se faire sauter avec tout leur stock de poudre noire plutôt que de livrer une bataille perdue d'avance. "Sympa".

La journée s'est conclue dans ce que les initiés qualifieront de "bonne aubêêrge". Les allemands de Wiesenbach qui étaient arrivés dans la matinée avaient du se lever très tôt, autour de 3h00 du matin, afin de pouvoir attrapper leur vol, et le programme de visite leur avait laissé un petit temps de repos l'après midi pour pouvoir dormir un peu. Il faut croire que le "naturel" revient au galop, car M. le maire de Wiesnbach et Marcus, un des allemands qui faisait partie de la délégation en ont profité, avec M. le premier adjoint au maire de Donnery, pour charger un peu la mule à grands coups de Vodka au bar de l'hôtel, plutôt que d'aller pioncer, ce qui nous a laissé un souvenir assez cocasse du repas. Marcus avait tellement bu qu'il microsomnolait en permanence à table. C'était d'autant plus drôle qu'on le voyait dormir tout en sirotant sa bière. Littéralement. Ils sont forts, ces allemands.

Un des détails particuliers de cette bonne aubêêrge, c'est qu'ils font eux même leur pain au levain, à l'ancienne. Il y avait cette dame que je croyais tout droit sortie d'un Kolkhoze qui s'affairait à pétrir ses miches dans un pétrin hors d'âge.

user posted image

Les explications sur la fabrication du pain on du durer environ 20 minutes, et elle n'a pas décroché un seul mot.

user posted image

Une des premières choses qu'il m'a été donné de voir à l'aéroport de Riga est cette publicité un brin naïve qui disait qu'on avait pas totalement visité la Lettonie tant qu'on avait pas goûté leur pain. Après l'avoir goûté, on comprend pourquoi, il est tout simplement succulent. C'est dommage que la place était limitée dans les bagages.

Le repas fut gargantuesque. ENCORE des montagnes de nourriture, et de la bonne avec ça. C'est faramineux et on se sent un peu péteux que d'en laisser autant sur la table. Je leur ai quand même demandé si les tables étaient toujours aussi garnies, et il semblerait que non ... sauf à l'occasion des repas de fête. Force est de constater que quand c'est jour de fête, et quand on reçoit des étrangers, ils savent mettre le paquet.

C'est aussi le moment de discuter de tout, et de rien. Sur l'époque soviétique d'abord, qui a pesé lourd. Étrangement, je ne les ai pas senti revanchards ou belliqueux à ce sujet. Il faut croire qu'il suffit de retrouver ses racines, sa langue et sa culture pour parvenir à oublier le passé. La langue était un vrai outil de propagande, car le russe a chassé la langue lettonne de manière assez inquiétante. Aujourd'hui, elle est revenue. Il faut savoir qu'il y a encore environ 30 % de russes ethniques en lettonie, et qu'aujourd'hui, c'est une minorité, ethnique et politique, même s'ils sont concentrés à Riga. Le fait est qu'après avoir traversé brièvement le pays, je n'ai vu aucun vestige soviétique, pas de statue de Lénine, pas de restants de propagande, pas une pancarte en russe. Rien. Certes, l'indépendance remonte à 1991, mais je me rappelle que des lettons étaient venus en voyage à Donnery pour la première fois en 1996, et à l'époque, on sentait bien qu'il y avait encore bien du chemin à faire.

Sur l'économie après, j'apprends que le salaire minimum est d'environ 350 euros … or d'après ce que j'ai vu, le coût de la vie semble sensiblement équivalent à celui que l'on a en France, voire un brin moins cher. Tout est disponible à profusion, la société de consommation du grand satan capitaliste est bien là, et les voitures sont plutôt pas mal - beaucoup d'allemandes, les constructeurs français ont comme d'hab complètement raté le coche. J'ignore juste comment, ou même s'ils arrivent à vivre convenablement. En tous cas ils ne paraissent pas malheureux.

Enfin, j'apprends aussi que la spéculation économique n'a pas épargné le pays, avec moult promoteurs ayant fait construire des maisons neuves que personne n'a pu acheter, faute d'argent, de financements, et surtout à cause d'investisseurs trop gourmands. Ça a un air de déjà vu ... Heureusement, les villes disposent encore de bonnes réserves foncières et les aménagements urbains sont très aérés.

user posted image

Blason de la ville de Smiltene.



--------------------
"Des asiles de cons ... On devrait construire des asiles de cons, mais vous imaginez un peu la taille des bâtiments ! - André Dussolier

user posted image
User is offlineProfile CardPM
Go to the top of the page
+Quote Post
 
Reply to this topicStart new topicStart Poll
Réponse(s)
Peter Pan
post 20/11/2008 9:08
Message #2


Administrateur
*****

Groupe : Admin
Messages : 3,026
Inscrit le : 16/05/2002 23:00
Lieu : Paris
Membre no. 1



Bon beh ça avait l'air bien sympathique tout ça, impressionnant pour une commune d'organiser tout ça !

Tu penses que c'est jouable de leur faire admettre leur annexion par la France ?

Ah et je constate que tu t'es bien servi des HEURES de recherche sur Riga dont je t'ai fait part.
User is offlineProfile CardPM
Go to the top of the page
+Quote Post

Posts in this topic


Reply to this topicTopic OptionsStart new topic
1 utilisateur(s) sur ce sujet (1 invité(s) et 0 utilisateur(s) anonyme(s))
0 membre(s) :
 

Version bas débit Nous sommes le : : 27/04/2024 16:26