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> Le Zero Et L'infini, de Koestler

bunee
post 10/09/2003 15:18
Message #1


Elfe
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Pour meubler le temps qui s'allonge indéfiniment dans les 10m² de ma chambre universitaire, j'ai renoué avec un classique que j'avais lu il y a trèèèès longtemps (j'étais au lycée à l'époque): le zéro et l'infini, de koestler.
Il a été écrit vers 1940 et retrace l'itinéraire imaginaire d'un responsable communiste russe qui est emprisonné et jugé alors qu'il a lui-même été un « épurateur ».
Illustration parfaite du caractère capricieux et aléatoire de la fortune...
Un peu le même genre de revirement que dans "La mort est mon métier" en un peu plus politisé.

En fait ce livre aurait été inspiré par les grands procès de Moscou et les différentes phases d'épurations idéologiques qui ont émaillé le règne du communisme soviétique de l'époque.

On retrouve une caricature très bien faite, féroce, des systèmes totalitaires niant complètement l'individu, l'Homme, face à la collectivité.
A l'instar de "la ferme des animaux" ou de "1984", c'est le genre de livre intemporel et transposable à toutes les époques.

J'avoue que la première fois que je l'avais lu, je l'avais trouvé trop glauque à mon gout; mais en le relisant maintenant, il y a toute cette dimension qui s'est révélée.
J'apprécie beaucoup plus en somme. Quelqu'un l'a lu? Vous en avez pensé quoi? Vous l'avez apprécié du premier coup ou bien il vous a fallu une relecture pour mieux l'apprécier?

En tout cas je vous le conseille, le style en plus est assez agréable (des phrases courtes et percutantes, beaucoup d'allers et retours présent/passé... etc) rolleyes.gif


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Severn
post 10/09/2003 15:26
Message #2


Candytuft
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Non, je n'ai pas lu, j'en avais juste vaguement entendu parler. Si je le croise un jour, je tenterai.


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Pode
post 16/09/2003 14:10
Message #3


Hobbit
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bunee> J'ai lu aussi ce livre. C'était au collège, une prof de français m'avait "parié" que je ne le ferais pas. Je me suis donc fait le livre et préparé un exposé en 2 semaines (fear !)

Le mot que j'associe le plus à ce livre, encore maintenant, c'est "glauque".
En fait, c'est pas le système communiste uniquement que Koestler dénonce (il en a été militant avant de le renier), mais aussi l'implacable logique humaine.

Ce qui fait le plus peur, c'est sa résignation, alors qu'il est intelligent, face au système de pensée, au lavage de cerveau, qui le brisent. C'est comme si tu te levait un matin, tu sors dans la rue, tu ne parles plus la même langue que les passants, eux non plus ne te comprennent plus, et t'ignorent, te roulent dessus sans même s'arrêter.

C'est aussi un vertige :
"- Vous ne pense pas comme le veut le parti, nous allons vous changer.
- Qu'est-ce que je fais ?
- Vous le savez très bien.
- Qu'est-ce que vous allez me faire ?
- Vous le savez aussi"

L'extrait de dialogue n'est pas dans le livre, c'est une transposition de mes souvenirs.
L'absence de réponse à toutes ces questions rend fou même l'esprit le plus stable, toutes les questions qui s'accumulent, c'est un abîme qui s'ouvre devant toi, et dans lequel tu tombe sans fin, pris de vertige.
Un passage m'a particulièrement frappé : les anciens collègues de travail de la cellule néerlandaise du parti, après avoir fait leur travail, sont éliminé par le narrateur, justement parce qu'ils ont fait leur travail. Dans cette doctrine, on ne peut pas avoir fait, fini quelque chose. C'est toujours un mouvement, une fuite en avant sans réponse, c'est ce qui permet de maintenir la peur sur les populations contrôlées par le parti.

Koestler voulait exprimer dans ce livre son désarroi psychologique. Il courrait dans un corridor sans portes, et dont il ne voyait pas le bout, disait-il.
Il s'est suicidé, si je me souviens bien, quand il a appris qu'il avait une tumeur au cerveau.


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bunee
post 16/09/2003 15:27
Message #4


Elfe
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C'est une façon très pertinente de voir les choses.
chinese.gif

La dimension autobiographique, celle qui justement te paraît glauque, pour moi semble donner une dimension supérieure à ce texte.

supérieure: dans le sens où ça lui donne une tonalité tellement proche du ressenti que, lorsqu'on le lit, on finit par se calquer sur le personnage. ça accroit le caractère intemporel (puisque les souffrances humaines restent les mêmes d'une époque à l'autre).

Un peu comme son testament espagnol, en fait.


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