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> Raw Ou Jpeg ?

piotr
post 28/07/2008 10:45
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Les images ne sont pas forcément là pour illustrer un point technique. Elles sont là juste pour ... illustrer.

La plupart des appareils photo numériques peuvent produire au moins deux types de fichiers totalement différents lors de la prise de vue : le JPEG classique, et le format RAW. En disant "la plupart", cela désigne tous les reflexes, et la majeure partie des bridges. Les compacts n'offrent pas, sauf rares exceptions, la possibilité d'enregistrer en format RAW.

Qu'est-ce qui différencie le RAW du JPEG ? Des considérations techniques, principalement. Si la technique vous est indifférente ou presque, vous aurez gagné du temps : le JPEG est fait pour vous.

Pour schématiser, du moins dans un premier temps, le format RAW n'est pas vraiment une image, mais plutôt un flux de données binaires qui représente presque les données telles qu'elles sortent du capteur numérique de l'appareil photo au moment où le déclencheur est pressé et exposé. Le JPEG quand à lui est une image finie, c'est à dire que l'appareil photo applique grâce à sa mécanique interne (processeur de traitement) un certain nombres de réglages au flux de ces données issues du capteur afin de produire l'image finale. Ces réglages sont en partie intangibles (comme par exemple le de-bayer, qui consiste à éliminer les artifacts liés à l'arrangement des pixels sur le capteur qui diffère de celui de l'écran d'ordinateur), et d'autres réglables par l'utilisateur, comme la balance des blancs, la netteté, la saturation, et bien d'autres.

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Coucher de Soleil sur la Loire à Saint-Benoît sur Loire. Nikon D200, 18-200 VR, RAW, converti en JPEG grâce à Adobe Camera RAW 4.

Certains vont jusqu'à qualifier le RAW de "négatif numérique", compte tenu du fait qu'il est nécessaire de "développer", via certains logiciels dédiés, ces fichiers RAW afin d'en obtenir une image. Je n'irai sans doute pas jusque là, car les différences sont grandes - je ne suis pas persuadé que la comparaison soit totalement valide - mais l'analogie est bonne.

Ainsi, quand on prend une photo en RAW, il faut donc appliquer soi-même les réglages que l'appareil applique tout seul lors de la prise de vue en JPEG. Quel intérêt ?

La réponse peut varier dans une fourchette comprise entre "absolument aucun" à "c'est capital !" selon l'approche qu'on a de la photographie. À mon avis, les deux approches se valent totalement. Pour poser un premier jalon de réponse, il est cependant nécessaire de comprendre que le RAW représente ce qu'il y a de plus proche du signal en provenance du capteur, alors que le JPEG, en tant que produit fini, est une transformation, puis une compression des données. Un JPEG utilise une place bien moindre qu'un RAW, et pour y parvenir, il détruit une partie du signal. La plupart du temps, c'est totalement invisible.

Le JPEG a plusieurs avantages clés, dont voici ceux qui me semblent les plus pertinents :
  • La facilité - c'est évident, c'est le format par défaut de tous les appareils photo ;
  • La rapidité : l'appareil photo applique instantanément les réglages qu'il juge les plus adaptés, et/ou que l'utilisateur a voulus ; il n'y a pas à passer derrière ;
  • La réactivité : sur les appareils de puissance plus modeste, l'écriture d'un JPEG est ce qu'il y a de plus rapide, et ne bloque pas l'appareil photo ;
  • La compacité : le JPEG produit des images de petites taille comparé au RAW, d'un facteur 2 à 10 en fonction de l'image et de l'appareil ;
  • L'universalité : un JPEG peut être lu par n'importe quel programme, appareil, ou application, ce qui n'est pas le cas du RAW ;
  • La qualité : la plupart des appareils photo produisent à ce jour des JPEGs dont la qualité surpasse de loin celle des appareils vieux de ne serait-ce trois ans. Les progrès en la matière sont saisissants.
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Lune Gibbeuse. Nikon D200, Nikkor AI 20 mm ƒ/4, RAW, converti en JPEG grâce à Adobe Camera RAW 4

Les inconvénients du JPEG sont in fine assez peu nombreux.
  • Très rares maintenant sont les appareils qui dégradent les images JPEG à cause d'artifacts de compression car les algorithmes ne cessent de se perfectionner ;
  • Prendre ses photos en JPEG impose de bien connaître son appareil et bien comprendre son sujet, et la photo que l'on souhaite réaliser, afin de déterminer à coup sûr les réglages que l'on souhaite employer. Il faut donc comprendre comment utiliser la correction d'exposition à bon escient, la saturation, les programmes, etc ;
  • Un fichier JPEG offre moins de latitude technique pour réparer dans un logiciel les erreurs lors de la prise de vue. Encore une fois, c'est la raison pour laquelle il faut une bonne maîtrise de sa machine. Ce n'est donc pas nécessairement un problème en soi ;
  • Toujours sur le plan technique, un fichier JPEG ne code l'information que sur 8 bits par canal, c'est à dire, qu'il peut reproduire 256 nuances de rouge, 256 nuances de vert, et 256 nuances de bleu, pour un total de 16 277 216 couleurs, alors que le RAW lui, peut le coder sur 12 bits, voire 14 pour certains. La comparaison est assez cela dit assez trompeuse, car le JPEG ne stocke pas les mêmes informations de la même façon que le RAW - on y reviendra. Encore une fois, ce genre de considérations vous intéressera principalement pour des raisons bien précises.
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Basco, berger australien. Nikon D200, Nikkor AI 50 mm Æ’/1,4, JPEG.

Cela tranche avec les nombreux désavantages du RAW :
  • Les fichiers générés sont relativement volumineux, oscillant entre 6 à 16 Mo par image pour un reflex comme le Nikon D200 (10 millions de pixels) ;
  • L'écriture de fichiers si gros prendra plus de temps que des JPEGs. Sur certains bridges, l'appareil peut faire un blackout de plusieurs secondes consécutives, et vous perdrez peut être la photo du siècle ;
  • Le transfert de ces fichiers prendra plus de temps entre l'appareil photo et l'ordinateur ;
  • Un fichier RAW doit être décodé pour être affiché correctement ;
  • Un fichier RAW ne peut pas être envoyé directement à un correspondant par mail, mis sur le web, donné à un client, etc. ;
  • Un fichier RAW nécessite un logiciel spécialisé ;
  • Un fichier RAW nécessite un traitement complet, et donc, un certain nombre de connaissances précises ;
  • Un fichier RAW est un format de fichier fermé, parfois crypté, et pose certains problèmes de pérénnité ;
  • Prendre toutes ces photos en RAW nécessite donc plus de temps et d'espace que de les prendre en JPEG.
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La patrouille de la Marche Verte Marocaine - Nikon D200, 18-200 VR, RAW, conversion en JPEG par Apple Aperture 2.1

Alors pourquoi diable s'enquiquiner avec du RAW si le JPEG est tellement mieux ?

Simple : si vous vous posez la question, c'est que le RAW n'est pas fait pour vous. Prenez vos images en JPEG, elles seront très certaintement tout aussi bien !

Est-ce vraiment aussi simple : heureusement que non. Fort heureusement.

Les avantages du RAW sont nombreux. À titre personnel, ce qui n'engage donc que moi, je prends mes photos en RAW plutôt qu'en JPEG. Voici pourquoi :
  • C'est potentiellement la meilleure façon de tirer la substantifique moëlle de ce qui sort de votre appareil photo dans tous les cas. Il n'y a pas de dégradation d'aucune sorte appliquée aux images.
  • Le RAW a dans l'ensemble et la plupart des cas, une meilleure dynamique, c'est à dire, qu'il peut reproduire un ensemble de tons et de clartés plus grand que le JPEG
  • Le RAW permet d'appliquer exactement le réglage que l'on souhaite à une photo ou des photos données, alors que le JPEG impose de les faire lors de la prise de vue.
  • Le RAW permet dans la plupart des cas de pouvoir mieux faire ressortir des tons trop sombres ou faire revenir des tons très clairs sur des sujets très contrastés. Attention, ce n'est pas une arme absolue, mais les résultats sont, d'après ma modeste expérience, la plupart du temps meilleurs que sur un JPEG, en faisant ressortir moins de bruits, moins d'artifacts
  • Certains réglages n'existent tout simplement pas dans l'appareil photo, même les boîtiers les plus onéreux. On retiendra par exemple la Clarté dans Adobe Camera RAW (ou son équivalent dans Aperture), ou la possibilité de régler depuis l'appareil une compensation pour les tons clairs ou tons foncés comme on le ferait pour la saturation ou la netteté. On peut travailler sur le JPEG résultant, mais mon expérience personnelle m'a montré que les résultats étaient incomparablement meilleurs depuis un RAW.
  • Certains ajustements, comme la correction de l'exposition sur l'ordinateur, sont bien plus efficaces en RAW qu'en JPEG. C'est en partie lié à la dynamique plus grande du RAW, et en partie lié à la façon dont sont stockées les informations. Le résultat est qu'il est possible d'obtenir de meilleures couleurs, de meilleurs contrastes. -- Une note : Avec le D300 et le D3, Nikon a introduit ce qu'il appelle le D-Lighting, (D pour Dynamic), qui propose un embryon de réglage des tons sombres et foncés. C'est un bon début, mais les effets sont subtils (ou timides selon que l'on appréhende la chose).
  • Le RAW a tendance à produire de meilleurs résultats sur les scènes fortement contrastées.
  • Il n'est pas toujours facile d'arriver à tous les coups à tomber pile sur le bon réglage d'appareil photo, surtout si l'action bouge vite au regard de vos capacités de photographe du dimanche. Si vous êtes professionel, cet article ne vous concerne pas, donc vous maîtrisez le processus sans avoir à s'abaisser à utiliser du RAW.
  • Il se peut qu'un réglage choisi à un instant s'avère mauvais quand vous affichez l'image sur votre écran. Image trop saturée, trop nette ou pas assez en fonction du sujet, mauvais compensation d'exposition. Auquel cas si vous voulez vraiment sauver la photo, il faudra mettre les mains dans le cambouis. Et donc passer du temps. Comme on le fait en RAW. Dans ce cas, non seulement vous n'avez qu'un JPEG, mais en plus, moins de marge de manÅ“uvre. La belle affaire ! Le RAW peut donc souvent servir de "filet de sécurité", en vous donnant un peu de marge supplémentaire, et en différant la phase de la décision esthétique ou artistique. Mon approche est de privilégier le cadrage, la composition et l'exposition sur le terrain, sur le moment, sur l'instant, et bien souvent, quand il n'y a pas de seconde chance. Une fois devant l'écran, je m'applique à donner des couleurs, à recadrer si besoin, à déterminer la netteté. C'est très rapide en vérité, d'autant que la pratique permet d'apprendre à gagner du temps. Je n'ai jamais eu pour quelque raison que ce soit à regretter d'avoir pris mes photos en RAW. J'ai quelques photos que je regrette d'avoir prises en JPEG.
Une note cependant : si le RAW n'applique aucun des réglages de finalisation, il restera en revanche absolument nécessaire d'exposer correctement sa scène. Les sciences physiques étant ce qu'elles sont, un capteur d'appareil photo ne peut pas reproduire une infinité de nuances. Si votre photo, même prise en RAW, est mal exposée, alors certaines ombres resteront irrémédiablement noires, et certains reflets immanquablement brûlés. Le RAW ne vous aidera absolument pas à compenser une mauvaise exposition.

En revanche, pour ces raisons de différences de dynamique, il est possible de récupérer des tons que l'on croyait perdus (sombres ou clairs) avec un aspect de l'image final qui sera dans l'ensemble plus naturel que le JPEG.

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Voûtes de l'oratoire Carolingien de Germigny-des-Prés dans le Loiret. Nikon D200, 18-200 VR2, tenu à la main, RAW. Conversion en JPEG par Adobe Camera RAW 4.

Enfin, une photo sans intérêt sera toujours sans intérêt en RAW. Ça ne changera rien au problème.

Le RAW a aussi un certain nombre de vertus, principalement celle d'être pédagogique et d'attiser la curiosité. Connaître la technique photographique aide à s'améliorer, et ainsi, permet de prendre de meilleures photographies. Là encore, il ne s'agit que d'un point technique, car une belle photo, c'est un instant, une émotion, une vision, un cadrage, etc. et une photo sensationnelle peut être sensationnelle en étant navrante sur le plan technique. Mais comme on ne peut pas non plus écarter purement et simplement la connaissance technique, il faut donc y passer.

Le RAW est une démarche volontaire : personne n'est obligé de faire du RAW pour faire de belles photos. Ça n'a rien à voir. C'est juste une approche différente, qui parfois peut être très gratifiante, alors qu'on voit un résultat bluffant par rapport à un original RAW qui semble fade, ou de voir se dessiner progressivement les contours d'une belle image.


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piotr
post 28/07/2008 10:50
Message #2


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J'aimerais maintenant revenir sur un certain nombre des désagréments du RAW mentionnés précédemment. En effet, sur internet, la "littérature spécialisée" regorge d'avis bien sentis sur tout en général, et sur le RAW en particulier. Il y a beaucoup d'experts en chaise longue qui disent plus de bêtises qu'ils ne prennent de photo, mais aussi beaucoup de choses vieillies et qui ne sont plus mises à jour. C'est pour cela que j'aimerais en profiter pour replacer certaines choses au goût du jour de mi-2008 :

Le volume généré par les RAWs : ce n'est maintenant plus qu'un demi problème compte tenu des prix atrocement bas de tous les supports numériques confondus. Exemples multiples :

1. Au sujet du stockage des photos dans l'appareil - Une carte compactflash Sandisk Extreme III de 4 Go coûte aujourd'hui environ 45 euros, ce qui me permet d'enregistrer jusqu'à 550 images en RAW compressés sur mon D200. La plupart du temps, ma batterie tombe à plat avant que ma carte ne soit pleine. Évidemment, on en mettra encore plus en JPEG. Mais 550 images pour 4 Go, cela laisse largement de quoi mitrailler sans trop compter. Pour le même prix, vous pourrez avoir aussi une carte SD-HC du double de la capacité. Une Sandisk Extreme III de 16 Go coûte 140 euros, soit donc 2200 photos.

Je repose donc la question : l'espace est-il dans ces conditions un problème ? Non.

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Cosmos en jachère fleurie - Nikon D200, 18-200VR, RAW, composite de trois images assemblé avec PhotoMerge CS3, exporté par Adobe Camera RAW 4

2. Au sujet du transfert des images vers l'ordinateur - Tous les ordinateurs sont aujourd'hui équipés de l'USB 2.0 ou du FireWire, ce qui permet de transférer suffisamment rapidement les données au point que ce ne soit plus une gêne rédhibitoire. On ira toujours plus vite en JPEG certes, mais on est bien loin de ce qui se faisait il y a trois ans par exemple. D'ailleurs, les débuts des appareils photo numérique étaient synonyme de transferts mortellement longs, même en JPEG. Aujourd'hui, c'est au tour du RAW de s'affranchir de ces contraites.

Les plus pressés pourront même se payer un lecteur compactflash qui se branche directement sur port IDE.

3. Au sujet du stockage des photos et de la place occupée. Aujourd'hui, il est bien difficile de trouver un moyen de saturer les disques durs tant les capacités sont grandes, à moins de faire de la vidéo 1080p comme unique hobby. Ça tombe bien, la photo prend bien moins de place.

Aujourd'hui, le disque dur d'un tera-octets (1000 Go) coûte environ 150 euros alors qu'un 500 Go coûte trois fois moins ou presque. Inutile de dire qu'à raison de 10 Mo par photo RAW, on peut donc stocker un million de photos sur un disque d'1 To. Sachant qu'un appareil comme le D200 est garanti pour 150 000 déclenchements d'obturateur, ou que le D3 est garanti pour 300 000 déclenchements, et si on prend en compte les photos que l'on supprime parce qu'on les a ratées, le facteur disque dur est encore une fois tout sauf un problème, et encore plus mis au regard du prix d'un appareil photo numérique.

Ceux ayant un Macintosh peuvent même bénéficier des disques durs externes sur port FireWire 800. Un 500 Go Western Digital coûte environ 120 euros, et le FireWire 800 dispose d'un débit largement supérieur au contrôleur du disque dur qu'il abrite. Pour ma part, c'est comme cela que je stocke mes photos.

Là aussi je repose la question : l'espace est-il un problème ? Non. Au fur et à mesure que le temps passera, l'espace grandira encore et encore. Ce ne sera donc plus jamais un problème.

Corollaire : des disques durs achetés également à des fins de sauvegarde, comme dans un NAS par exemple, coûteront une misère. C'est d'autant plus intéressant qu'à ces tarifs, on peut se permettre de les remplacer très souvent, tous les deux ans, voire tous les ans, pourquoi pas. Nous autres photographes du dimanche n'avons peut être pas besoin de supports RAID 5, mais il existe des moyens simples et surtout abordables de limiter considérablement les risques de pertes stupides.

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La falaise à Étretat près de la Manneporte - Nikon D200, 18-200VR à 200mm, tenu en main, RAW, exporté en JPEG avec Apple Aperture 2.1

4. Au sujet du temps passé sur ses photos - Effectivement, il va falloir passer du temps sur ses RAWs pour qu'ils soient finis. Le RAW s'est taillé une mauvaise réputation à ses débuts car il était nécessaire d'ouvrir chaque fichier individuellement, l'ajuster, le sauvegarder, et recommencer.

Heureusement que cette époque est loin derrière nous. Aujourd'hui, les logiciels spécialisés sont mûrs, et les traitements s'appliquent par lots. L'ordinateur s'occupe du reste. On peut donc appliquer exactement les réglages que l'on veut aux images que l'on souhaite, et ce, en masse.

Il est vrai que les débuts d'Adobe Camera Raw, de Lightroom, d'Aperture, de Bibble ou de Capture One étaient hasardeux. Aujourd'hui, pour ne retenir que les deux plus courants, Adobe Lightroom et Apple Aperture sont extrêmement performants, très puissants, rapides, et donnent surtout envie de travailler ces fichiers. C'était très loin d'être le cas il y a cinq ans. Aujourd'hui, les choses ont totalement changé, et ont changé rapidement. J'oubliais : C'est de l'informatique ! Un avis sur la question du RAW datant de 2004 ou de 2005 est aujourd'hui totalement périmé.

5. Au sujet lourdeur des traitements, on lit souvent que manipuler un RAW nécessite plus de ressources système qu'un JPEG. Dans l'absolu, c'est vrai. Dans les faits, c'est de très peu d'importance. De la même manière que les espaces de stockages grandissent et sont devenus bon marché, la puissance de calcul a atteint des niveaux qu'on avait du mal à imaginer il y a trois ans. Aujourd'hui, celui qui aime l'image peut se payer un double-cœur, voire un quadruple-cœur avec 4 Go de RAM sans avoir à vendre un rein. C'est une réalité, c'est là. Dans les faits donc, manipuler un RAW est instantané, tant sur PC que sur Mac. De plus, les meilleurs logiciels, qu'il s'agisse de Adobe Lightroom ou Apple Aperture, tirent voracement avantage des ordinateurs multicœurs. Même un ordinateur portable vendu neuf aujourd'hui est équipé d'un processeur multicœur.

À l'usage, un RAW est donc parfaitement aussi rapide à utiliser qu'un JPEG. Ainsi ces questions de lenteur qui pouvaient être d'actualité il y a trois ou quatre ans, appartiennent désormais au passé pour de bon, et donc sont juste bonnes à être ignorées. On manipule parfaitement et fluidement un fichier RAW en temps réel.

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Blandine aux nuits bleues de Bourges - Nikon D200, Nikkor 18-70, ISO 1600, tenu à la main, flash rebondi sur le mur, RAW, export avec Adobe Camera RAW 4

6. Au sujet de la pérennité et de la durabilité, il est certain que des doutes soient permis. En effet, il existe pratiquement un format de RAW par modèle d'appareil photo, principalement pour des raisons bassement commerciales, mais aussi pour des raisons vulgairement techniques, comme l'énorme variété de capteurs parmi tous les appareils. Il n'existe pas de standard de facto pour le RAW. Il en existe, mais sont peu usités. Principalement, on trouvera le Adobe Digital Negative (.DNG) et l'OpenRAW, mais leur diffusion est pour l'instant confidentielle. Voici les plus courants

.crw .cr2 Canon
.tif .k25 .kdc .dcs .dcr .drf Kodak
.mrw Minolta
.nef Nikon
.orf Olympus
.dng Adobe
.ptx .pef Pentax
.arw .srf .sr2 Sony
.x3f Sigma
.erf Epson
.mef .mos Mamiya
.raw Panasonic
.cap .tif .iiq Phase One
.r3d Red
.fff Imacon
.pxn Logitech
.bay Casio

Source.

Techniquement, tous ces fichiers sont des RAW, mais ils sont tous totalement différents. Ce qui est normal. Pire encore : un fichier RAW émanant d'un Nikon D70 sera un .NEF tout comme celui sortant d'un D300. Problème : ils ne sont pas dotés du même capteur ! Même malgré l'extension .NEF ( = Nikon Electronic Format ), ils sont totalement différents, et requièrent que le logiciel qui va les lire dispose de la prise en charge du D70 et du D300.

De plus, dans le temps, la virtualisation permet de faire tourner sur des plates-formes modernes des logiciels d'un autre temps. On fait aujourd'hui très bien tourner un DOS ou un Windows 3.11 sur un Mac OS 10.5 Leopard. Une fois encore, la relative démocratisation de la virtualisation sur les ordinateurs de tout un chacun est une nouveauté qui est arrivée avec les processeurs multicœurs. Si la virtualisation existe depuis plusieurs dizaines d'années, on ne pouvait pas dire qu'elle soit très répandue : c'est aujourd'hui chose faite, et c'est plus facile que jamais.

7. Au sujet de la compatibilité, il est désormais très facile de pouvoir lire un RAW simplement à des fins de prévisualisation rapide ou d'examen. Aujourd'hui, même Windows XP peut lire la plupart des RAWs depuis l'explorateur et l'aperçu grâce à une extension de shell fournie par Microsoft lui même. Des logiciels libres comme XnView lisent eux aussi la plupart des RAWs. Sur Mac, c'est intégré en standard, dans le Finder comme dans Aperçu. Certes, il n'y aura pas de réglages fins, mais il ne faut pas perdre de vue que la finalité n'est pas la même.

Enfin, il faut savoir que les RAWs inscrivent les informations EXIF (celles qui fournissent le nom de l'appareil, la focale, etc. dans le fichier) tout comme les JPEGs.

Il est donc vraiment très facile d'ouvrir des fichiers RAW présentés comme propriétaire, y compris avec des logiciels libres.

De plus, il n'est pas forcément évident que le logiciel fourni par le constructeur de l'appareil photo soit le plus agréable, ou le plus rapide, ou le plus enthousiasmant à utiliser.

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Gros plan sur une Shellby de 1969 - Nikon D200, Nikkor AIs 50 mm ƒ/1,4 , RAW, exporté par Adobe Camera RAW 4.

8. Une particularité du RAW : les traitements non-destructifs. Grâce aux logiciels actuels, travailler en RAW laisse intact le fichier original. Quand on ouvre ponctuellement un fichier RAW pour l'éditer, le modifier, puis exporter le résultat fini en JPEG, on n'écrase pas le RAW d'origine. À ce moment là, le logiciel écrit un fichier de métadonnées (.xmp ou autres) qui consigne tous les réglages de RAW qui lui ont été appliqués. Non seulement le fichier RAW originaire est inchangé, mais en plus, les paramètres sont enregistrés pour une réouverture future à l'identique. Autre bonne nouvelle : ce format .xmp est suffisamment répandu pour être un standard de facto, au moins aussi répandu que les données EXIF.

Là où cela devient vraiment intéressant, c'est que des logiciels tels que Adobe Lightroom ou Apple Aperture permettent d'organiser, de trier, de classer, et surtout de développer ses fichiers RAW. On est totalement libre de laisser les fichiers selon son organisation propre sur le disque dur, que l'utilisateur détermine, et le logiciel crée sa base de données d'organisation. Il y consignera notamment tous les ajustements appliqués aux RAW, ainsi que les aperçus, si besoin. Ainsi, les fichiers RAW restent inchangés, les paramètres sont sauvegardés, et à l'écran s'affiche le résultat du RAW finalisé, que l'on appelle la version. La version peut être modifiée à l'infinie, supprimée, ou on peut créer une infinité de versions d'une même image RAW. Dans tous les cas, l'original demeure en son état tel que sorti de l'appareil photo.

Il est possible de créer des versions à partir d'un JPEG, mais cette version ne sera qu'un traitement d'un fichier déjà terminé, et non des données RAW. L'intérêt est dans ce cas considérablement plus limité.

Les versions du RAW vous permettent donc d'avoir le droit de changer d'avis, ou même, d'avoir plusieurs avis au sujet d'une même image.

9. Au sujet de l'immobilisation de l'appareil photo à cause du RAW, là encore, le progrès a considérablement arrangé les choses. Au temps de mon Minolta Dimage 7 de 5 millions de pixels, un RAW m'immobilisait l'appareil pendant 30 secondes, voire une minute en cas de poses longues. Les résultats étaient meilleurs qu'un JPEG, mais le temps de blocage ne valait sûrement pas le dérangement.

Aujourd'hui, même un boîtier reflex modeste équipé d'une carte mémoire rapide, de toutes façons très bon marché, pourra sans problèmes supporter le RAW, et à aucun moment inhiber la spontanéité du moment. Même chose pour les rafales d'images : les images en rafale doivent être stockées dans la mémoire tampon (qui fait office d'entremise entre le capteur et la carte mémoire) de l'appareil photo. Quand on est en JPEG, ces images sont stockées en RAW dans l'attente d'être transformées en JPEG par le processeur de traitement interne de l'appareil. On comprendra donc pourquoi prendre une rafale de RAWs ne va pas ramplir la mémoire tampon aussi vite qu'on pourrait le craindre. Par ailleurs, un reflex actuel n'est plus immobilisé comme pouvaient l'être les appareils autrefois, y compris un petit Nikon D40 ou un Canon 1000D.

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L'orgue de l'église Saint-Marceau à Orléans - Nikon D200, Nikkor 18-70 à 70 mm, sur trépied, RAW, converti en JPEG avec Adobe Camera RAW 4

Attention toutefois, il y a certaines limites :
  • Une fois que la mémoire tampon est pleine, il faut bien que l'appareil écrive les RAWs sur la carte mémoire, même s'ils n'ont pas à être traités. Donc, si le tampon est plein, l'appareil ne pourra plus prendre de photos en rafale à sa cadence maximale. Cela dit pas de panique, un petit reflex peut garder un minimum de 5 RAWs en mémoire tampon, et un reflex comme un D200 ou un D300 peut stocker sans problèmes jusqu'à 25 images en mémoire tampon, À raison de 5 images/sec en rafales, cela fait presque 5 secondes continues de rafale en RAW. On ne peut pas forcément dire que ce soit une situation que l'on recontre tous les jours. Si on a besoin de plus, on est photographe professionnel, et donc, on est pas concerné par cet article, car on sait ce qu'il faut faire. De plus, maintenant, les cartes mémoires sont très rapides, et ce problème n'est que temporaire. Souvent l'écriture ne prend qu'une dizaine de secondes, pendant lesquelles la mémoire tampon se vide progressivement.
  • Plus sérieusement, certains bridges sont véritablement limités, et sont bloqués le temps de l'écriture du RAW, du fait de leur mémoire tampon plus limitée, et des contrôleurs de carte mémoire plus lent. Si le RAW immobilise votre appareil plus de quelques secondes, restez en JPEG, plutôt que de prendre le risque de perdre des photos. Cela dit, à vous de déterminer votre choix et vos priorités.
Quoi qu'il en soit, sur un boîtier de la trempe du D200, dont la conception remonte à fin 2005, je n'ai jamais été limité par le débit nécessaire au RAW, parce que les conditions ne se sont jamais présentées, même en meeting aérien. Ceux qui ont besoin de plus d'exigences auront un matériel plus cher, et donc encore une fois, ne seront sans doute pas concernés.

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Bokeh - Nikon D200, Nikkor AIs 50 mm ƒ/1.4 , tenu à la main, RAW, export JPEG par Adobe Camera RAW 4.

Alors, faut-il prendre ses photos en RAW ? Bien sûr que non !

Ou plutôt : bien sûr que si.

Tout dépend des besoins de chacun. C'est comme de savoir s'il vaut mieux repeindre une pièce avec une peinture à l'huile ou une peinture à l'eau. Fromage ou dessert. Je tire ou je pointe. Tout dépend.

Qualitativement, difficile de dire d'une image si elle est issue d'un JPEG ou d'un RAW. Mais encore une fois, ce n'est pas le but. Le but, c'est d'expérimenter une approche alternative et individualisée de la photo. C'est s'approprier une partie du développement, mieux le comprendre. Corollaire : c'est un élément supplémentaire à apprendre. Au même titre qu'il faut maîtriser la composition, les nuances, les couleurs, mais aussi la focale, le diaphragme, la netteté, le RAW est le dernier jalon. Il est nécessaire d'apprendre les différents réglages. Bonne nouvelle : c'est très interactif, très intuitif, et immédiat. Les résultats ne se faisant pas attendre, ça ne coûte rien d'essayer.

Aujourd'hui le RAW est techniquement très accessible pour nos machines, et la technique est mature. Il n'y a plus ces temps d'attente catastrophiques que l'on connaissait autrefois. Cette époque est révolue.


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Chouette article piotr. Je n'hésiterai pas à le diffuser à chaque fois qu'on me demande ce qu'est le RAW et pourquoi je ne me sert que de ce format.


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Je rajoute ces quelques lignes à la lumière d'un graphique que j'ai trouvé sur le site de Tom's Hardware au sujet de l'évolution sur dix ans de la capacité des supports flash et des disques durs.

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Ce qui apparaît comme le nez au milieu de la figure sur ce graphe, c'est qu'effectivement, depuis 2004/2005 l'augmentation de capacité suit une courbe qui crève le plafond, alors qu'on observe un maintien des prix des disques durs, cependant que celui des supports flash s'est littéralement écroulé.

Tout ça pour dire quoi ? Eh bien que le stockage de masse n'a jamais été aussi bon marché, et donc que les gros volumes de données générés par le RAW ne sont vraiment plus un problème.


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"Des asiles de cons ... On devrait construire des asiles de cons, mais vous imaginez un peu la taille des bâtiments ! - André Dussolier

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HPulstar
post 09/07/2009 15:38
Message #5


Orc
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Je voudrais revenir sur le les formats des RAWs et leur pérennité. Car il est sûr que tant qu'un "standard" n'est pas défini, les plus anciens formats seront abandonnés progressivement. J'ai peur que dans 10ans, je ne puisse plus ouvrir les photos prises il y a 5 ans avec mon Minolta.

Donc, doit-on convertir tout au DNG? Ou alors, doit-on traiter les photos et les sauvegarder en JPEG une fois les traitements "définitifs" appliqués?


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piotr
post 21/07/2009 11:54
Message #6


Sale con
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En fait il n'y a pas vraiment lieu de s'alarmer à ce sujet. Le problème a de toutes manières toujours existé, parce que par le passé, on avait une myriade de formats de films photographiques et cinématographiques tous différents, et tous incompatibles entre eux, de par leurs dimensions physiques, et qui nécessitait pratiquement un projecteur ou un agrandisseur spécifique pour pouvoir être relus ou retirés par la suite.

En numérique, on a la chance d'avoir une plus grande flexibilité et une plus grande pérénnité.

En ce qui me concerne, je garde mes fichiers dans leur format RAW d'origine, sans les convertir en DNG, parce que visiblement, le format n'a pas vraiment l'air de susciter plus d'intérêt que ça. Pour être intéressant, il faudrait que TOUS les appareils photos aient une sortie DNG codée en dur, et en fasse leur format par défaut, et ce n'est pas prêt d'arriver.

Il y a deux raisons essentielles qui motivent ce choix de conservation tel quel :

- les logiciels de développement de RAW vont toujours en se complexifiant, et très rarement en se simplifiant, il y a donc fort peu de chances qu'un format supporté aujourd'hui ne le soit plus par le passé, surtout quand on sait combien de nombreux photographes professionnels tiennent à ce que leur RAW fonctionne. On est pas à l'abri d'un revirement, mais eh, c'est exactement comme ça dans tous les domaines.

- La solution imparable consiste à virtualiser un système d'exploitation obsolète pour faire fonctionner un logiciel ancien. Imaginons que dans 20 ans, les logiciels disposent d'algorithmes si perfectionnés qu'ils peuvent convertir un sale RAW pourri de nos appareils actuels en merveille de qualité ... sauf que pas de chance, les logiciels du moment ne lisent plus le format en question.

Eh bien de la même manière que si des données vitales doivent être lues et récupérées dans un vieux logiciel qui ne tourne que dans un environnement windows en 16 bits, qui ne fonctionne plus avec un environnement windows 64 bits, il est parfaitement possible de faire fonctionner un vieux Windows 3.11 dans un logiciel de virtualisation comme VMWare, VirtualBox, etc. Dans 20 ans, on sera peut être amenés à virtualiser un vieux Windows Seven SP3 pour faire un travail de conversion. C'est juste dur d'être visionnaire à cette échelle smile.gif

En ce qui me concerne, je crois qu'il y a fort peu de risques que des fichiers soivent définitivement impossibles à lire à cause de leur obsolescence.

Les risques sont bien plus grands de PERDRE totalement ses photos à cause de CD-R ou de DVD-R défectueux - et le pourcentage de supports défectueux est trop important à mon goût - ou de crashes de disques durs.

Dernière règle : en RAW il n'y a jamais de traitement définitif. Les goûts changent et les logiciels se perfectionnent. Aussi, il y a fort à parier qu'on puisse être amené à développer différemment une photo, surtout compte tenu des avancées techniques en matière logicielle.


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