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> Deux Jours En Lettonie, Feat. Photos

piotr
post 19/11/2008 19:09
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Mais pourquoi, pourquoi diable la Lettonie ? Qu'est-ce qu'on peut bien trouver à aller faire dans ce petit État balte coincé entre l'Estonie, la Lituanie et la Russie, en plein mois de novembre et avec une météo annoncée comme dégueulasse ?

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Pour les déficients en géographie et/ou en histoire, la Lettonie est un État riche d'une histoire longue et complexe, qui a vu défilé quantité d'envahisseurs tant polonais, qu'allemands, et surtout soviétiques. De 1940 à 1991, la Lettonie fut une république socialiste soviétique (la RSS de Lettonie, donc) où s'est exprimé tout le totalitarisme des rougeauds de Moscou et de la clique de bouchers menée par Lénine, Staline et ses successeurs, à grands coups notamment de déportations de masse dans les camps sibériens.

C'est un désormais un État indépendant, comme il l'a été par le passé avant l'annexion soviétique. C'est un membre de l'Union européenne depuis 2004, ainsi qu'un membre de l'OTAN depuis la même date. Le pays compte un peu plus de 2,2 millions d'habitants, dont 885 000 environ rien que pour la capitale Rīga. Le pays n'est pas bien grand, 65 000 km2 seulement, et essentiellement recouvert de forêts variées à perte de vue.

À première vue, pas vraiment grand chose de particulier ne pousse à s'y rendre. Mais après tout, pourquoi pas. En fait, l'occasion de se rendre en Lettonie s'est présentée alors que la petite ville de Smiltene, à 130 km à l'est de la capitale, et avec laquelle nous avions déjà eu des contacts par l'entremise de Wiesenbach, a invité une délégation d'élus de Donnery, là où je vis donc, pour 2 jours, afin de partager avec eux la célébration du jubilée du 90ème anniversaire de leur (première) indépendance. Comme mon père siège au conseil municipal de Donnery, il a demandé à ma mère et à moi si on souhaitait être du voyage. Et comment donc.

Passeport en poche, on a décollé de Roissy vendredi à 14h40 sur le vol airBaltic BT692 à destination de Rīga à bord d'un Boeing 737-300 pour atterrir à 17h30 heure locale, sous un épais plafond nuageux. Là nous attendait une navette ( = un minibus Volkswagen) qui devait nous conduire à Smiltene à 130 km de là. Avant de partir, on nous remet le programme pour les 2 jours à venir. Pas de bol, il n'y a pas de visite de Rīga de prévue. Groumph. Mais c'est pas grave, le temps est court. Il est toutefois possible d'apercevoir le centre historique de la ville au cours du trajet qui nous mène de l'aéroport à notre destination. L'architecture est élégante, et on est loin des styles chargés de certains autres pays de l'est. Les édifices religieux sont superbes, tant orthodoxes que protestants.

En guise de substitution, nous irons donc visiter les environs immédiats de Smiltene, et notamment, pour bien commencer les choses, une brasserie, puis un château médiéval en ruines façon "bataille bourrin", etc. Bref, de petites chose. Le lendemain, visite des installations communales, vu qu'il s'agit avant tout d'une visite entre élus, avant de prendre part aux festivités organisées localement, un peu comme pour leur 14 juillet à eux. Rīga n'étant pas assez grande, et ne disposant pas des infrastructures nécessaires pour organiser un événement de cette envergure à l'occasion des 90 ans de leur indépendance, chaque grande ville organise ses propres fêtes.

Cent trente kilomètres séparent Rīga de Smiltene, ce qui fait que nous devons traverser une bonne partie du pays par la route. Une fois sortis de la capitale, c'est l'obscurité qui m'a frappé. Même si la veille était jour de pleine Lune, la couverture nuageuse était trop épaisse pour laisser passer la lumière. Et en pleine campagne lettone, rien n'est éclairé. Pas de réseau de lampadaires, pas d'éclairage des axes routiers, ni même des carrefours ou des panneaux. Rien, que dalle. Ça doit être grandiose pour l'astronomie. Par contre, il y a des trucs qui choquent, comme par exemple un passage à niveau qui traverse l'autoroute. Si, si.

Le maire de Smiltene avait fait arranger l'hébergement dans un hôtel réellement sympathique où nous avons pris notre repas. Et là, on a pu constater que les lettons savaient recevoir en contemplant la taille des portions servies. C'est gigantesque, et en plus c'est pas cher. Après une journée assez chiante à voyager (Roissy c'est toujours un vrai bonheur, c'était plus que bienvenu).

Ce n'est que le lendemain que j'ai pu apprécier le cadre autour, pas vraiment inquiétant, mais comme encastré dans de la verdure.

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On a quand même fait pire, c'est en tous cas mieux qu'un Formule 1 encastré en banlieue parisienne entre 2 barres d'immeubles bétonnées.

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Et toujours cette horrible météo. Ciel gris, pesant, pluie … Pas de regrets à avoir, il faisait le même temps dans le Loiret. À 10 heures, notre chauffeur vient nous chercher pour nous emmener à Cēsis afin de commencer notre visite. Vu le temps, j'espérais qu'ils allaient nous prévoir des intérieurs. Les occasions de prendre des photos sont donc très limitées, avec la pluie battante, les gouttes sur l'objectif ne facilitent pas vraiment les prises de vues.

Toujours est il qu'à Cēsis on fait de la bière, et on la fait bien, grâce à une brasserie moderne

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Nous sommes ensuite allés visiter le centre de formation des instructeurs militaires de l'armée lettonne, car le mari d'une de nos guides était lui même instructeur là bas. Avec 15 ans à ce poste, il a failli commencer par faire ses classes dans l'armée soviétique, il s'en est bien tiré. L'armée lettonne ne compte que 6000 hommes, mais ce sont tous des professionnels, parce que là bas, la conscription pour l'étoile rouge de Moscou a laissé de mauvais souvenirs. Il faut aussi savoir qu'en temps que membre de l'OTAN, la Lettonie a envoyé des hommes en Iraq et en Afghanistan. Pour autant que je sache, le pays ne figure pas sur la liste des cibles privilégiées des terroristes, et ça ne l'empêche pas d'y engager des troupes ... Pas de photos sur place, parce qu'il a fallu faire l'interprète, et on ne peut pas tout faire.

Quand les soviétiques sont partis, il a fallu rééquiper l'armée. Les suédois ont fourni une partie du matériel, mais j'ai remarqué que l'influence de l'armée des États-Unis se faisait de plus en plus grandissante. Outre de l'aide logistique et matérielle (notamment la protection de l'espace aérien par l'entremise des forces de l'OTAN), on sent le poids de l'oncle Sam jusque dans le laboratoire de langues. Cette salle flambant neuf contient moult ordinateurs, payés directement par l'US Army. De plus, les cahiers de cours sont estampillés "American Language Courses" ... je suis sûr que les britanniques adoreraient.


Et puis c'est en milieu d'après midi qu'on se rend au château de Cēsis. Alors quand je dis château, il s'agit en fait de ruines, mais quand les murs font 5 mètres d'épaisseur, même les batailles les plus enragées ne suffisent pas à tout faire disparaître. Pourtant les envahisseurs ont été nombreux : polonais, allemands, russes tsaristes, nazis, et soviétiques … voilà pour le décor.

Comme à cette latitude (57°26′N soit à peu près la même qu'à Copenhague au Danemark), la nuit a la fâcheuse tendance à tomber beaucoup trop tôt en hiver, la lumière a vite dégringolé, ce qui pour prendre des photos craint un max. Combiné à la pluie, ça n'a pas vraiment non plus aidé à pouvoir capturer toute l'atmosphère qui se dégageait du lieu.

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Détail cocasse, l'intérieur des ruines se visite à la lanterne à bougie ... Peut-être que c'est supposé rajouter une touche médiévale ? Toujours est-il qu'alors que le reste du groupe rentre se mettre à l'abri, j'essaye de prendre des photos dans la semi-obscurité et la pluie. Et c'est pas facile, surtout quand faut se magner. Et en fait ça gonfle.

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La petite histoire veut que quand les livoniens en garnison se sont retrouvés à 300 contre les 3000 hommes russes du tsar Ivan Groznyi, aka Ivan le Terrible, ils ont préféré se faire sauter avec tout leur stock de poudre noire plutôt que de livrer une bataille perdue d'avance. "Sympa".

La journée s'est conclue dans ce que les initiés qualifieront de "bonne aubêêrge". Les allemands de Wiesenbach qui étaient arrivés dans la matinée avaient du se lever très tôt, autour de 3h00 du matin, afin de pouvoir attrapper leur vol, et le programme de visite leur avait laissé un petit temps de repos l'après midi pour pouvoir dormir un peu. Il faut croire que le "naturel" revient au galop, car M. le maire de Wiesnbach et Marcus, un des allemands qui faisait partie de la délégation en ont profité, avec M. le premier adjoint au maire de Donnery, pour charger un peu la mule à grands coups de Vodka au bar de l'hôtel, plutôt que d'aller pioncer, ce qui nous a laissé un souvenir assez cocasse du repas. Marcus avait tellement bu qu'il microsomnolait en permanence à table. C'était d'autant plus drôle qu'on le voyait dormir tout en sirotant sa bière. Littéralement. Ils sont forts, ces allemands.

Un des détails particuliers de cette bonne aubêêrge, c'est qu'ils font eux même leur pain au levain, à l'ancienne. Il y avait cette dame que je croyais tout droit sortie d'un Kolkhoze qui s'affairait à pétrir ses miches dans un pétrin hors d'âge.

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Les explications sur la fabrication du pain on du durer environ 20 minutes, et elle n'a pas décroché un seul mot.

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Une des premières choses qu'il m'a été donné de voir à l'aéroport de Riga est cette publicité un brin naïve qui disait qu'on avait pas totalement visité la Lettonie tant qu'on avait pas goûté leur pain. Après l'avoir goûté, on comprend pourquoi, il est tout simplement succulent. C'est dommage que la place était limitée dans les bagages.

Le repas fut gargantuesque. ENCORE des montagnes de nourriture, et de la bonne avec ça. C'est faramineux et on se sent un peu péteux que d'en laisser autant sur la table. Je leur ai quand même demandé si les tables étaient toujours aussi garnies, et il semblerait que non ... sauf à l'occasion des repas de fête. Force est de constater que quand c'est jour de fête, et quand on reçoit des étrangers, ils savent mettre le paquet.

C'est aussi le moment de discuter de tout, et de rien. Sur l'époque soviétique d'abord, qui a pesé lourd. Étrangement, je ne les ai pas senti revanchards ou belliqueux à ce sujet. Il faut croire qu'il suffit de retrouver ses racines, sa langue et sa culture pour parvenir à oublier le passé. La langue était un vrai outil de propagande, car le russe a chassé la langue lettonne de manière assez inquiétante. Aujourd'hui, elle est revenue. Il faut savoir qu'il y a encore environ 30 % de russes ethniques en lettonie, et qu'aujourd'hui, c'est une minorité, ethnique et politique, même s'ils sont concentrés à Riga. Le fait est qu'après avoir traversé brièvement le pays, je n'ai vu aucun vestige soviétique, pas de statue de Lénine, pas de restants de propagande, pas une pancarte en russe. Rien. Certes, l'indépendance remonte à 1991, mais je me rappelle que des lettons étaient venus en voyage à Donnery pour la première fois en 1996, et à l'époque, on sentait bien qu'il y avait encore bien du chemin à faire.

Sur l'économie après, j'apprends que le salaire minimum est d'environ 350 euros … or d'après ce que j'ai vu, le coût de la vie semble sensiblement équivalent à celui que l'on a en France, voire un brin moins cher. Tout est disponible à profusion, la société de consommation du grand satan capitaliste est bien là, et les voitures sont plutôt pas mal - beaucoup d'allemandes, les constructeurs français ont comme d'hab complètement raté le coche. J'ignore juste comment, ou même s'ils arrivent à vivre convenablement. En tous cas ils ne paraissent pas malheureux.

Enfin, j'apprends aussi que la spéculation économique n'a pas épargné le pays, avec moult promoteurs ayant fait construire des maisons neuves que personne n'a pu acheter, faute d'argent, de financements, et surtout à cause d'investisseurs trop gourmands. Ça a un air de déjà vu ... Heureusement, les villes disposent encore de bonnes réserves foncières et les aménagements urbains sont très aérés.

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Blason de la ville de Smiltene.



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piotr
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Le lendemain marquait le début des commémorations officielles, et M. le maire de Smiltene nous a emmené visiter des installations communales, non sans une certaine fierté. Cela a commencé par différents bâtiments scolaires, et à ce titre, nous avons visité la plus belle réalisation de la commune, à savoir le jardin d'enfants, fraîchement inauguré en septembre dernier :

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Il a été réalisé avec un mixte de fonds nationaux lettons, locaux, mais aussi européens, pour un budget total de 6 millions d'euros, et accueille gratuitement les enfants à partir de 1 an et demi. Tout à l'intérieur est absolument parfait et constitue un cadre idéal pour les enfants. Les pièces sont grandes, lumineuses, et on y circule facilement, considérant que sa réalisation a été exécutée conformément aux règles européennes en vigueur.

Il faut savoir que la commune consacre presque 65 % de son budget à l'éducation de ses enfants. Là encore, on comprend pourquoi, considérant le passé soviétique, car c'est justement par l'éducation que tout commence. Une telle part du budget n'est d'ailleurs pas sans causer certains problèmes, car d'autres dépenses, comme les logements sociaux, sont mises au second plan. Mais là où il faut distinguer, c'est que le pays, comme les communes, sont parties de pratiquement rien, et qu'il leur a fallu hiérarchiser les priorités en partant du néant quasi absolu afin de rattrapper les standards que nous connaissons en europe de l'ouest.

Une autre différence par rapport à nous autres gaulois réside dans la répartition des compétences en matière d'éducation. La ville de Smiltene dispose d'un budget annuel de 6 millions d'euros pour 8 000 habitants, et le système est ainsi fait que le contribuable letton paye à l'État son impôt sur le revenu, qui à son tour en reverse 90 % à la commune de rattachement du contribuable en question. C'est ce qui permet aux communes de disposer de budgets conséquents, et de pouvoir gérer directement et plus efficacement certains programmes par un transfert de fonds de fait. En conséquence, c'est donc la commune qui paye directement les enseignants et détermine les orientations et aménagements à effectuer, et au vu du chemin parcouru, c'est le garant d'une efficacité et d'une réactivité certaine. Je pense que ce ne serait pas sans faire tiquer en France où on hurlerait probablement à la collusion.

Dans une autre école qui accueille de nombreux niveaux, y compris de quoi dispenser des cours de niveau universitaire à la manière d'une antenne de faculté, je constate que les salles de classes sont aménagées en fonction de la matière qu'on y enseigne. J'ai eu deux coups de cœur sur place, le premier dans la salle dédiée à l'enseignement de l'histoire :


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C'est tellement vintage que je ne pouvais pas laisser passer ça ! Les objets ici présents font partie du patrimoine privé d'habitants du coin, la plupart ayant été d'anciens élèves. Du coup, enseigner l'histoire dans une classe pareille, ça l'fait.

Le second, c'est dans la salle où on enseigne les sciences physiques et la chimie - il faut également savoir que cette école-ci met le paquet sur les sciences (y compris l'astronomie, yay! l'école dispose d'un téléscope Meade ETX entre autres). Immanquablement mon œil fut attiré par cette superbe table périodique des éléments, peinte à la main, et rédigée en langue lettonne.

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Outre l'arrangement inhabituel des éléments dans la table, les plus observateurs remarqueront que l'élément 104 n'est pas estampillé Rf pour Rutherfordium comme il l'est normalement, mais Ku, pour Kurchatovium, vu que par le passé, les soviétiques revendiquaient sa découverte. Sacrés soviets !

Et enfin, le soir venu, c'était le début des festivités en l'honneur du jubilée des 90 ans de leur indépendance. Direction le complexe culturel et sportif où devait se tenir un spectacle traditionnel, avec d'abord des chÅ“urs, puis les danses folkloriques, qui pour nous autres français avaient été un moment marquant lors de notre fêtre de la Pentecôte en 1996. En toute logique, on a commencé par chanter l'hymne national letton, intitulé Dievs, svētī Latviju!, autrement dit, "Dieu, bénis la Lettonie", et dont vous trouverez une traduction des paroles sur cette page de la Wikipédia française, voire sur sur cette page! où il y a un enregistrement d'une version chantée, assez classe, et identique à ce qu'on chanté les jeunes gens présents sur scène. On est sur un autre registre que la Marseillaise, ses égorgements et ses sillons sanguignolents. C'est pas belliqueux pour deux sous en tous cas. Nonobstant, j'aime bien aussi la Marseillaise, avec son ptit air de "faut pas faire chier".

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Il y en avait même qui avaient les larmes aux yeux en chantant.

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C'est ensuite que M. le maire de Smiltene (photo ci-dessous), notre hôte et notre guide, a pris la parole avant de laisser parler M. le maire de Wiesenbach, qui prononça un discours en allemand, traduit en letton.

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Puis ce fut au tour de Mme le maire de Donnery de prononcer son propre discours, en français ... que j'ai du traduire et lire en anglais, devant toute la salle, alors que M. le maire de Smiltene le traduisait par la suite en letton. Comme personne à Donnery ne parle letton, ni personne à Smiltene ne parle français, il a fallu improviser une solution de secours. Ce fut assez cocasse lors de la première phrase en anglais car les gens ont rigolé en comprenant qu'il y allait y avoir une cascade de traductions, mais l'applaudimètre à la fin a montré que le public a apprécié, ce qui nous a été confirmé par la suite par l'épouse de M. le maire. Il semblerait que les gens présents dans la salle aient été tout étonnés que des français venu d'aussi loin puisse s'intérésser à la vie de leur pays et de leur ville, et faire un 110 mètres haies linguistique pour leur passer un message à caractère plus ou moins solennel.

Avant de poursuivre les chants, il s'est opéré une cérémonie de remise de récompenses et de médailles de la commune, et on a tous été très marqués nous autres français (et même les allemands d'ailleurs) par leur façon de procéder. Les récipiendaires (rien à voir avec des récipents d'air, qui eux sont plus nombreux en France) reçoivent leur citation de monsieur le maire, puis c'est chaque personne dans la salle qui se lève afin d'aller remettre une ou deux fleurs fraîchement coupées aux titulaires.

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Ils ont reçu tellement de fleurs que des porteurs de fleurs devaient les seconder afin de pouvoir toutes les recueillir. Dans le genre mesure directe de sa cote de popularité, c'est difficile de faire mieux, du moins, dans le registre positif, vu que nous, on a plutôt des hués ou des tomates pourris. Parmi les médaillés, on a une directrice de crèche, une prof, et un officier de l'armée lettonne en permission qui revenait d'Afghanistan.

Les chansons ont ensuite repris ... et je serai bien en peine de vous dire quel en était le thème vu que tout était évidemment chanté en letton dans le texte. C'est une chanteuse qui a commencé, seule sur scène.

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Tous types de chœurs se sont alors succédés : jeunes filles, petits garçons, mixtes adultes. Je regrette de ne pas avoir eu de matériel d'enregistrement à ce moment là.

Sont après arrivées les danses traditionnelles où tous les âges, du moins, de jeunes, étaient représentés.

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Alors certes, il faut être client de ce genre de divertissements, parce que le folklore, ça n'a pas forcément vocation à plaire à tout le monde, mais rien que le fait de le voir en vrai change tout - j'aime enfoncer des portes ouvertes. Il faut par avoir savoir que ce ne sont pas des danseurs professionnels, mais cela ne les empêche pas de présenter une prestation de haut niveau. Il semblerait aussi qu'ils arrivent à rester impliqués, surtout chez les jeunes, parce que comme partout ailleurs, ce n'est pas forcément facile de faire s'intéresser la jeunesse à ce genre de choses.

Une note aussi sur le fait qu'ils doivent être un brin transformistes sur les bords, vu la vitesse à laquelle ils changent de costumes entre deux tableaux, c'est littéralement bluffant.

La soirée s'est achevée par un énorme banquet, avec, vous l'aurez deviné, encore d'autres massifs montagneux de nourriture, et toujours de première bourre, le tout arrosé de boissons plus douteuses comme de la très mauvaise vodka russe, du cognac grec lamentable, ou du vin géorgien absolument affreux.

Et c'est ainsi que se sont achevés ces deux jours. Le lendemain, nous quittions l'hôtel à 8h00 du matin pour pouvoir attrapper le vol airBaltic BT691 à destination de Paris Charles de Gaulle et qui devait décoller à 11h30.

Et en hôte le plus classe de lettonie ou presque, c'est à l'aéroport que nous a retrouvé M. le maire de Smiltene, qui s'est farci toute la route de Smiltene à Riga pour nous dire au revoir à l'aéroport, soit 260 km aller/retour environ. Nous n'avons évidemment pas manqué de le féliciter et de le remercier pour tout ce qu'il a mis en œuvre pour nous recevoir, parce que tout était absolument parfait et génial. J'espère que les lettons nous feront l'honneur de venir à leur tour au mois de mai prochain à Donnery, et qu'on sera à la hauteur. La différence toutefois est qu'eux se farcissent le voyage en car, et doivent passer par la Biélorussie et ses abrutis de douaniers fanatiques, qui la dernière fois les avaient retenus pendant une dizaine d'heures à la fontière lituanienne.

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Cette fois ci le vol était nettement plus chargé qu'à l'aller. Énorme coup de bol, les deux derniers sièges tout à fait à l'arrière tribord de l'avion étaient inoccupés. Après tout de même avoir demandé la permission à une hôtesse, j'y ai pris place, me laissant ainsi par la même occasion le combo ultime : deux fois plus de place pour les guiboles, un hublot pour moi tout seul, et un siège vide à ma gauche, le tout en classe économique. Alors bon, oui, y'avait tous les gens qui venaient faire la queue pour aller aux chiottes, c'était un peu lourd à force, mais qu'importe, j'avais mon hublot, et j'ai pu prendre quelques photos, d'autant que le plafond nuageux était assez morcelé pour pouvoir apercevoir la terre, 37000 pieds plus bas environ.

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Et c'est sur dernière image que s'achève le trajet, car avec la descente a coïncidé le retour de la couverture nuageuse au dessus du territoire français, avec juste un dégagement au dessus de l'agglomération parisienne, où comme dans Flight Simulator à maintes reprises j'ai pu voir, cette fois en vrai, le stade de France, la Défense et la tour Eiffel depuis mon hublot lors de l'approche à LFPG, ou Charles de Gaulle pour les intimes.

J'aurais bien aimé savoir ce que pensait le jeune couple de lettons devant moi, qui venait en France pour la première fois, et qui une fois l'avion stationné sur l'apron, ont vu leur premiers français. Des bagagistes. Un noir et un arabe. J'en ai pas vu un seul en Lettonie ... Alors non, c'est absolument pas pour dire "oui voilà encore des arabes ! j'ai rien contre eux, mais quand même y'en a trop !" ... mais après sans doute une vision idéalisée de Paris, la ville lumière, l'architecture, etc etc et le blabla habituel, que les deux premiers français qu'ils voient soient un peu bronzés. Ça doit être cocasse.

J'aurais bien aimé connaître leur sentiment aussi quand une fois débarqué de l'avion, une fois dans le terminal 1, on est chaleureusement accueilli en par les affiches de propagande des Douanes françaises contre la contrefaçon, avec notamment, cette grosse affiche "See you behind bars" ou d'autres menaces de lourdes amendes si on revient d'Italie avec un lacoste chinois. Franchement sans déconner ... quelle effet ça fait ?

Et quel effet ça fait aussi de voir qu'en sortant du terminal 1 on se retrouve sous un enchevêtrement de béton noirci, à l'atmosphère sombre et qui résonne, et avec des bus de navette Air France et RATP, leurs gros diesels puants, et leurs klaxons bruyants, l'odeur de Jet-A1 brûlé des environs de l'aéroport … Je suis pas sûr subitement que le premier sentiment ce soit "ouah c'est joli Paris !".

Une chose est sûre en tous cas : les lettons savent recevoir, ils sont très chaleureux, et le contraste avec, AU PIF, les luxembourgeois, ma bien marqué. Ça n'vâ pâs.

Une autre chose est sûre : j'y retournerai, et de préférence en été, avec un planning plus libre, pour faire ce que je préfère : sillonner le pays, et mitrailler de photos.


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PoP
post 20/11/2008 8:15
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Et quel effet ça fait aussi de voir qu'en sortant du terminal 1 on se retrouve sous un enchevêtrement de béton noirci, à l'atmosphère sombre et qui résonne, et avec des bus de navette Air France et RATP, leurs gros diesels puants, et leurs klaxons bruyants, l'odeur de Jet-A1 brûlé des environs de l'aéroport … Je suis pas sûr subitement que le premier sentiment ce soit "ouah c'est joli Paris !".


Marrant, je me fais cette remarque à chaque fois. :-D

Sympa comme trip, dommage que vous n'ayez pu y rester plus longtemps et que la météo ne t'ai pas permis de prendre plus d'images. Mais bon, après tout, novembre...^^


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PoP
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Peter Pan
post 20/11/2008 9:08
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Bon beh ça avait l'air bien sympathique tout ça, impressionnant pour une commune d'organiser tout ça !

Tu penses que c'est jouable de leur faire admettre leur annexion par la France ?

Ah et je constate que tu t'es bien servi des HEURES de recherche sur Riga dont je t'ai fait part.
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Severn
post 20/11/2008 9:42
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Candytuft
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Magnifique (et instructif ma foi smile.gif ). Et le lycée a l'air génial.


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piotr
post 20/11/2008 10:16
Message #6


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Peter Pan : et le meilleur dans l'histoire c'est que tout a été plié en un peu moins d'un mois pour l'organisation, comme quoi, y'a des fois où il est possible d'être expéditif et efficace. Par contre y'a pas mal de membres du conseil municipal français qui se sont plus ou moins débiné, genre "pas de passeport" ou "c'est trop cher". Tant pis pour eux.

Quant aux recherches sur Riga, effectivement ... mais c'est pas moi qui fait le programme tongue.gif

PoP : et le meilleur dans l'histoire c'est que juste avant la porte de sortie 34 du terminal 1 il y avait des pèlerins pour la Mecque, alignés en tenue au comptoir de Saudi Arabian Airlines ... même quand on sait qu'on est dans un aéroport international, je reste persuadé que tomber sur un grand groupe de hajjis à Paris ça doit faire tout bizarre smile.gif


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bunee
post 25/11/2008 12:33
Message #7


Elfe
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Très chouette compte rendu (même si j'ai pas accès aux images au taff, lol) , ça donne envie d'y aller faire un tour (sauf que ... en été ^^)


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Les vrais anges ont les cheveux orange
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