je poste ça ici aussi, au cas où certains seraient concernés
Vous pouvez vous procurer le texte relatif au CNE sur le site Légifrance.
Dis, Papa, c'est quoi cette bouteille de lait ?
C’est un contrat à durée indéterminée (parcequ’on ne sait pas, quand on le conclut, à quel moment il se terminera) systématiquement écrit que ce soit à temps complet ou à temps partiel (je précise parce que traditionnellement pour le CDI l’écrit n’est requis que pour l’hypothèse d’un temps partiel). En plus des mentions obligatoires classiques (rémunération etc), doivent y apparaître la référence à notre belle ordonnance et le nom de « contrat nouvelles embauches ».
Hormi la dérogation aux règles de rupture du contrat de travail au cours des deux premières années (préavis, procédure, indemnité), le CNE est soumis au droit du travail, comme n’importe quel CDI.
Et c'est fait pour quiiii? ?
La particularité de ce régime est de faciliter la rupture de ce contrat pendant les 2 premières années de celui-ci, par exemple si l’entreprise connaît des difficultés financières ou bien une baisse d’activité. Toutes les entreprises privées comptant moins de 20 salariés (sachant qu’au départ le seuil avait été fixé à 11) peuvent recourir au CNE. On exclut du calcul les moins de 26 ans recrutés à compter du 22 juin 2005.
Est-ce que c’est si « siège éjectable » que ça ?
Si c’est le salarié qui veut rompre son contrat lors des deux premières années, c’est un tout petit peu plus contraignant qu’une démission (celle-ci pouvant être remise par tous moyens) : il doit envoyer à son patron une Lettre RAR où il dit qu’il veut rompre. Le contrat est réputé rompu dès présentation de la lettre.
Si c’est l’employeur qui veut se débarrasser de son salarié, c’est un peu plus contraignant : dans ce cas la notification de rupture est notifiée au salarié par LRAR. Aucune motivation n’est requise, dans la limite classique de l’abus de droit et de la discrimination. A partir de là un préavis, dont la durée varie selon l’ancienneté du salarié ( Si ancienneté de 1 à 6 mois, le préavis est de 2 semaines ; si ancienneté est supérieure à 6 mois, le préavis est d’1 mois), commence à courir.
Exceptées les hypothèses de faute grave ou lourde, l’employeur verse au salarié une indemnité équivalente à 8% de l’intégralité des salaires bruts perçus depuis le début du CNE (Indemnité suivant le régime commun des indemnités de licenciement). En plus de ces 8%, l’employeur verse aux ASSEDIC une contribution de 2% (même assiette), afin de financer l’accompagnement du salarié pour son retour à l’emploi. Au total, donc, 10%.
En revanche s’il y a faute grave ou faute lourde, justifiant l’exonération du versement tant de l’indemnité que de la contribution, la notification de rupture est insuffisante. On exige le respect de la procédure disciplinaire classique (1/ Convocation, 2/ Entretien, 3/ Notification du licenciement).
La rupture du CNE est donc beaucoup plus facile....
Mais elle coûte aussi plus cher à l’employeur puisque que, faite à son initiative, elle impliquera un coût de 10% de la masse salariale. Il faut savoir qu’en matière de licenciement rares sont les conventions collectives qui prévoient une indemnité de licenciement lors de la rupture d’un contrat dont l’ancienneté est inférieure à 2 ans. En outre, dans les rares cas où elle est prévue, elle est calculée sur la base du salaire moyen au plus des 3 derniers mois et non sur le salaire brut perçu depuis la conclusion du contrat.
Autre contrainte ayant vocation à limiter les abus: la rupture à l’initiative de l’employeur lors des 2 premières années empêche la conclusion d’un autre CNE entre le même employeur et le même salarié pendant trois mois à compter de la date de rupture.
Le salarié a douze mois à compter de la rupture pour contester celle-ci devant le conseil des prud’hommes (mais l’opposabilité de ce délai est subordonnée à sa mention dans le corps de la lettre ).
Et une fois éjecté ?
L’aide au retour à l’emploi est accordée dans les conditions classiques au salarié ayant à son actif 182 jours/910 h de travail au cours des 22 derniers mois. Si le salarié ne répond pas à ces exigences, et s’il a 4 mois d’activité continue dans un CNE, il aura droit à un mois d’ allocation journalière forfaitaire de 16.40 €, à condition de s’être inscrit en tant que demandeur d’emploi dans les 3 mois et d’avoir demandé l’allocation journalière dans les 6 mois.
Pas mal de limites, donc. Reste à voir l’interprétation des textes par la chambre sociale de la Cour de Cassation.
A suivre!