http://www.kinoglaz.fr/night_watch.htm
Après avoir vu la bande annonce, je ne cachais pas une certaine curiosité. C'est un film fantastique reprendant l'éternel thème du combat du bien contre le mal. Le film s'ouvre sur une bataille entre l'armée du bien et l'armée du mal, faisant immanquablement penser à un espèce de Seigneurov des Gladiatorski. Les armées étant de taille et de forces égales, une trève fut conclue, chaque camp surveillant l'autre afin de veiller que personne de déborde ni n'abuse de ses pouvoirs pour tourmenter les vilains humains.
En 1992 à Moscou, Anton Gorodetski se rend au domicile d'une espèce de vieille bonne femme qui se révèle être une sorcière, une jeteuse de sort, pour faire revenir sa bien-aimée, et accessoirement, se débarrasser de l'enfant qu'elle porte par l'entremise d'incantations bien senties. Ce rituel fut l'occasion pour les membres de la Lumière de piéger cette ignoble grand-mère et de la condamner pour exercice illégal de la magie noire et autres délits étranges. C'est à ce moment qu'Anton découvre qu'il est un Autre, les Autres, ce sont ces personnes qui ont des pouvoirs surnaturels par rapport aux humains livrés de série avec la société. Son don à lui c'est de pouvoir voir le futur.
C'est donc un film très fantastique et surtout très pas conforme avec ce qu'on est habitués à voir. Les critiques m'avaient beaucoup inquiété, principalement sur allociné et surtout les spectateurs, mais après avoir vu le film, je me suis dit que c'étaient des imbéciles. Ceux qui ont mis une (ou aucune) étoile à Ночной дозор sont sans doute les mêmes que ceux qui ont mis 4 étoiles à Lost.
Ils se plaignaient d'abord de ne pas tout comprendre : j'imagine que leurs facultés intellectuelles étaient à peine supérieures à celle d'une huître abandonnée sur un plateau un lendemain de Noël, parce que franchement, il n'y a rien de bien compliqué à saisir. J'avais craint les plans de caméra épileptique, mais au final ce n'est absolument pas pire que bien des productions américaines, qu'il s'agisse de séries ou de films comme The Bourne Identity. Les effets spéciaux sont très bien réalisés. Là encore, j'ai pu lire de "bullet time non maîtrisé" mais j'aimerais bien qu'on m'explique le rapport avec la choucroute, vu qu'il ne s'agit pas de bullet time. L'image "patine" à l'écran quand Anton a ses visions temporelles, des veines se matérialisent furtivement quand il ne voit pas carrément les artères des gens. C'est sans doute une surplus de LSD soviétique mais visuellement on entre bien dans le trip.
Sur le fond, c'est pas super original mais on se laisse convaincre. Du bien, du mal, avec des surnaturels, des seigneurs puissants un peu immortel, et même des vampires qui rappellent une certaine Masquerade. Je mets certaines répliques un peu hasardeuses sur le compte d'une traduction qui fait juste son travail mais c'est nettement moins gazeux que Matrix. Bunee me disait que ça rappellait beaucoup Constantine sur certains aspects, mais je ne l'ai pas vu, donc je ne peux pas dire. En tous cas ce n'es en aucun cas, ni de près, ni de loin, un Matrix russe, et c'est tant mieux.
L'ambiance moscovite a été bien noircie, mais on se rend compte que ça pourrait se passer dans n'importe quelle ville. En revanche, on est pas habitués à voir ce genre d'acteurs et ce jeu d'acteurs. C'est nature, brut de décoffrage parfois, aucun visage connu ni de près ni de loin, ce qui contribue encore plus à l'immersion quand on se laisse convaincre.
Quelques petites bricoles comme certaines longueurs (rien de dramatique), un mixage son un peu léger et des petits grains de trucs zinzin dans le déroulement du film.
Donc, je suis presque sûr que ce n'est pas un film tout public, ce n'est même pas un blockbuster russe. Je vais sans doute me faire tancer par notre Peter Pan de service mais ça m'évoque presque un film de David Lynch russe, avec la continuité en plus, si si. Donc de la même manière que Lynch ne plaît pas à tout le monde, Ночной дозор ne plaira pas à tout le monde, et je ne dis pas ça pour faire l'apologie d'un film bizarre que seule une poignée de cortex spongieux écrivant pour Télérama ou Libé serait susceptible d'aimer. C'est tout simplement différent.
Le meilleur moyen de vous faire une idée, c'est encore d'aller le voir, d'autant qu'il est le premier volet d'une trilogie, tout comme le roman de Sergei Lukyanenko dont il est tiré.
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