Lectures Éclectiques, un peu de tout et beaucoup de temps
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Lectures Éclectiques, un peu de tout et beaucoup de temps
bunee |
14/09/2005 9:49
Message
#1
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Elfe Groupe : Membres Messages : 1,332 Inscrit le : 08/11/2002 23:08 Membre no. 140 |
Comme je trouvais inopportun de faire un post par livre, j'ai tout groupé (j'ai recherché et apparemment ils n'ont pas été précisément évoqués, si c'est le cas pardonnez la redondance)
La conjuration des imbéciles - J-K Toole L'histoire et la gloire posthume dont elle témoigne sont parfois ironiques. Comment expliquer autrement le succès d'un livre édité post-mortem et dont l'auteur s'est suicidé justement parcequ'il s'estimait incompris? L'oeuvre nous transporte à la Nouvelle Orléans, et, à la façon de certains films (Shortcuts, les Magnolias, Pulp Fiction) est un entrelac d'histoires et de personnages récurrents et dont les traits sont plus ou moins sévèrement caricaturés. Le fil rouge, c'est une correspondance écrite entre deux personnages que tout oppose à un point tel qu'ils se ressemblent: a la fois évènement déclencheur et résultat. L'un des deux est ignatius, rendu à merveille antipathique par Toole, d'une singularité presque horripilante, cloitré à la façon de quelque moine médiéval crypto-mystique, auto-déclaré inapte à toute forme de travail, et jetant un regard consterné sur le monde. L'autre c'est Myrna, excessivement engagée dans des mouvements divers et variés, elle aussi à sa façon incomprise et mal-comprenante. La constante rivalité de ces deux individus constitue un véritable moteur du roman: tout s'imbrique, tout s'emboite et au final l'ensemble des protagonistes y trouve son compte. La lecture nous fait osciller entre le burlesque des théatres de boulevard et la noirceur des caricatures réalistes. Savoureux carnaval aux douces fragrances d'absurde. Arto Paasilinna - Petits suicides entre amis Après l'inoubliable et caustique série des petits meurtres entre amis, voici, comme vous ne l'attendiez plus, les "Petits suicides entre amis" du finlandais Arto Paasilinna. L'histoire surfe adroitement entre le cynique et le loufoque: deux hommes (un colonel et un ancien directeur de société) qui ont comme idée de se suicider au même endroit se font echouer l'un l'autre. Forts de leur expérience et de leur nouvelle complicité, ils décident de venir en aide à tous les suicidaires de Finlande (somme toute nombreux) soit pour les aider à renoncer à leur geste, soit pour les aider à mieux se suicider. Ceci va les entrainer dans un périple improbable, de la Finlande au Portugal en passant par le Cap Nord, truffé de rencontres non moins improbables: un éleveur de rennes escroc, une enseignante d'art ménagers, une jeune sidéenne, un ingénieur cancéreux, un fan d'aéronautique, un serveur-écrivain fanfaron, un ex-directeur de cirque éleveur de visons, une directrice adjointe nymphomane, un chauffeur de bus, un armateur alcoolique etc etc Le style est vif et incisif, le fil de l'histoire déjanté avec pas mal de rebondissements. Et la question reste: le fait de combattre la vie et de se dévouer à l'organisation de sa propre extermination ne donne-t-il pas un sens nouveau à l'existence? Comment, en essayant de l'achever, finit-on par s'en rapprocher? Le burlesque cache une réflexion plus grave et agréablement sarcastique. "Le plus grave dans la vie c'est la mort, mais ce n'est quand même pas si grave" Velibor Colic - La Vie Fantasmagoriquement brève et étrange d'Amadeo Modigliani Brève, à l'instar du livre. A peine 80 pages. Soit à peine un trajet ferroviaire Dunkerque - Orléans. Livre bref mais intense et effroyablement dense. L'auteur rêve la vie du peintre maudit comme d'autres rêvent sur la déchéance du poête. Par épisodes, souvenirs et flashes successifs, on suit la chute. En parrallèle figurent de nombreux extraits de "l'étranger" de Camus. Et la comparaison s'insinue, inéluctable, dans le crane du lecteur : et si Modigliani ou, plus largement, l'artiste endossant à lui-seul le mythe du poête maudit, c'était l'Etranger de notre monde? Quant au style ... le rêve traine dans l'égout. Le beau est quelque chose d'ardent et de triste. La maladie du peintre en devient une épopée flamboyante. Aldous Huxley - Le meilleur des Mondes Huxley nous fait dans ce grand classique la description d'une société postmoderne à la fois ignoble et fascinante où l'homme est programmé pour systématiquement tendre au "bonheur", au confort, et à la jouissance physique lato sensu. Mais que se passe-t-il lorsque le processus échoue chez certaines personnes? Comment ceux qui prennent conscience de leur individualité peuvent-ils quitter ou réintégrer le système? Et qu'adviendrait-il du Sauvage, non conditionné et libre, qui aurait le choix entre le confort perpétuel et la liberté d'être malheureux? Savant mélange rappelant tour à tour les univers de Big Brother et de Gattaca, de Platon et du "Zero et l'infini". Les nombreuses citations de shakespeare apportent une grande poesie à l'ensemble. Un beau classique, donc. Peut-être pas aussi visionnaire qu'on l'aurait espéré, mais la préface actualisée est édifiante à ce sujet. Le panier de la semaine Voici les heureux élus du jour : 1/ Virginie Despentes – Teen Spirit – Edition j’ai lu / collection Roman 2/Jorn Riel, traduit du danois par S. Juul et B. St Bonnet – Le canon de Lasselille – Edition 10/18, collection domaine étranger 3/ Yoko Ogawa, traduit du japonais par R.M Makino Fayolle – Une parfaite chambre de malade, suivi de la désagrégation du papillon – Editions Babel 4/ Ornela Vorpsi, traduit de l’italien par M. Pozzoli – Le Pays où l’on ne meurt jamais – Editions Babel 5/ David Foster Wallace, traduit de l’américain par J & JR Etienne – Brefs entretiens avec des hommes hideux – Edition Au diable Vauvert, La plupart achetés un peu au hasard. Ce message a été modifié par bunee - 22/11/2005 8:41. -------------------- Les vrais anges ont les cheveux orange
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