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En ligne · [ Standard ] · Linéaire+

> Lectures Éclectiques, un peu de tout et beaucoup de temps

bunee
post 14/09/2005 9:49
Message #1


Elfe
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Comme je trouvais inopportun de faire un post par livre, j'ai tout groupé (j'ai recherché et apparemment ils n'ont pas été précisément évoqués, si c'est le cas pardonnez la redondance)

La conjuration des imbéciles - J-K Toole

L'histoire et la gloire posthume dont elle témoigne sont parfois ironiques.
Comment expliquer autrement le succès d'un livre édité post-mortem et dont l'auteur s'est suicidé justement parcequ'il s'estimait incompris?
L'oeuvre nous transporte à la Nouvelle Orléans, et, à la façon de certains films (Shortcuts, les Magnolias, Pulp Fiction) est un entrelac d'histoires et de personnages récurrents et dont les traits sont plus ou moins sévèrement caricaturés.
Le fil rouge, c'est une correspondance écrite entre deux personnages que tout oppose à un point tel qu'ils se ressemblent: a la fois évènement déclencheur et résultat. L'un des deux est ignatius, rendu à merveille antipathique par Toole, d'une singularité presque horripilante, cloitré à la façon de quelque moine médiéval crypto-mystique, auto-déclaré inapte à toute forme de travail, et jetant un regard consterné sur le monde. L'autre c'est Myrna, excessivement engagée dans des mouvements divers et variés, elle aussi à sa façon incomprise et mal-comprenante.
La constante rivalité de ces deux individus constitue un véritable moteur du roman: tout s'imbrique, tout s'emboite et au final l'ensemble des protagonistes y trouve son compte.
La lecture nous fait osciller entre le burlesque des théatres de boulevard et la noirceur des caricatures réalistes.
Savoureux carnaval aux douces fragrances d'absurde.

Arto Paasilinna - Petits suicides entre amis

Après l'inoubliable et caustique série des petits meurtres entre amis, voici, comme vous ne l'attendiez plus, les "Petits suicides entre amis" du finlandais Arto Paasilinna.
L'histoire surfe adroitement entre le cynique et le loufoque: deux hommes (un colonel et un ancien directeur de société) qui ont comme idée de se suicider au même endroit se font echouer l'un l'autre. Forts de leur expérience et de leur nouvelle complicité, ils décident de venir en aide à tous les suicidaires de Finlande (somme toute nombreux) soit pour les aider à renoncer à leur geste, soit pour les aider à mieux se suicider. Ceci va les entrainer dans un périple improbable, de la Finlande au Portugal en passant par le Cap Nord, truffé de rencontres non moins improbables: un éleveur de rennes escroc, une enseignante d'art ménagers, une jeune sidéenne, un ingénieur cancéreux, un fan d'aéronautique, un serveur-écrivain fanfaron, un ex-directeur de cirque éleveur de visons, une directrice adjointe nymphomane, un chauffeur de bus, un armateur alcoolique etc etc
Le style est vif et incisif, le fil de l'histoire déjanté avec pas mal de rebondissements. Et la question reste: le fait de combattre la vie et de se dévouer à l'organisation de sa propre extermination ne donne-t-il pas un sens nouveau à l'existence? Comment, en essayant de l'achever, finit-on par s'en rapprocher? Le burlesque cache une réflexion plus grave et agréablement sarcastique.
"Le plus grave dans la vie c'est la mort, mais ce n'est quand mĂŞme pas si grave"

Velibor Colic - La Vie Fantasmagoriquement brève et étrange d'Amadeo Modigliani

Brève, à l'instar du livre. A peine 80 pages. Soit à peine un trajet ferroviaire Dunkerque - Orléans.
Livre bref mais intense et effroyablement dense. L'auteur rêve la vie du peintre maudit comme d'autres rêvent sur la déchéance du poête.
Par épisodes, souvenirs et flashes successifs, on suit la chute. En parrallèle figurent de nombreux extraits de "l'étranger" de Camus.
Et la comparaison s'insinue, inéluctable, dans le crane du lecteur : et si Modigliani ou, plus largement, l'artiste endossant à lui-seul le mythe du poête maudit, c'était l'Etranger de notre monde?
Quant au style ... le rêve traine dans l'égout. Le beau est quelque chose d'ardent et de triste. La maladie du peintre en devient une épopée flamboyante.

Aldous Huxley - Le meilleur des Mondes

Huxley nous fait dans ce grand classique la description d'une société postmoderne à la fois ignoble et fascinante où l'homme est programmé pour systématiquement tendre au "bonheur", au confort, et à la jouissance physique lato sensu.
Mais que se passe-t-il lorsque le processus échoue chez certaines personnes? Comment ceux qui prennent conscience de leur individualité peuvent-ils quitter ou réintégrer le système? Et qu'adviendrait-il du Sauvage, non conditionné et libre, qui aurait le choix entre le confort perpétuel et la liberté d'être malheureux?
Savant mélange rappelant tour à tour les univers de Big Brother et de Gattaca, de Platon et du "Zero et l'infini". Les nombreuses citations de shakespeare apportent une grande poesie à l'ensemble.
Un beau classique, donc. Peut-être pas aussi visionnaire qu'on l'aurait espéré, mais la préface actualisée est édifiante à ce sujet.

Le panier de la semaine

Voici les heureux Ă©lus du jour :

1/ Virginie Despentes – Teen Spirit – Edition j’ai lu / collection Roman

2/Jorn Riel, traduit du danois par S. Juul et B. St Bonnet – Le canon de Lasselille – Edition 10/18, collection domaine étranger

3/ Yoko Ogawa, traduit du japonais par R.M Makino Fayolle – Une parfaite chambre de malade, suivi de la désagrégation du papillon – Editions Babel

4/ Ornela Vorpsi, traduit de l’italien par M. Pozzoli – Le Pays où l’on ne meurt jamais – Editions Babel

5/ David Foster Wallace, traduit de l’américain par J & JR Etienne – Brefs entretiens avec des hommes hideux – Edition Au diable Vauvert,

La plupart achetés un peu au hasard.

Ce message a été modifié par bunee - 22/11/2005 8:41.


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Peter Pan
post 14/09/2005 10:16
Message #2


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Ah yes, la Conjuration des Imbéciles c'est un grand moment de littérature ! Pi en plus c'était le livre de chevet de Leonardo di Caprio au moment de Titanic donc c'est un gage de qualité biggrin.gif
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bunee
post 14/09/2005 10:39
Message #3


Elfe
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blink.gif Ah oui en effet.

Mais le boycotter pour cette seule raison aurait été dommage: j'ai bien ri en le lisant laugh.gif


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bunee
post 15/09/2005 9:19
Message #4


Elfe
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Je viens de finir teen spirit. Il est plutot rapide à lire (un peu trop à mon gout), très dynamique, la lumière est crue et tranchante. Aucune prétention à être classé dans la case "grande littérature".["lis tes ratures": injonction véhémente adressée à un cancre dont le cerveau gauche est truffé de zones mortes]

Imaginez (un petit effort!) ... vous êtes un trentenaire se rapprochant inéluctablement de la quarantaine, vous stagnez socialement, votre vie végète sur barbès, ça va mal avec votre petite amie etc etc.

Coup de tonnerre dans la grisaille ambiante, vous apprenez que vous avez une fille de treize ans qui grandit tant bien que mal dans un milieu social style 5ème ardt. Et là c'est le drame? Non pas tout à fait quand même. C'est juste l'occasion de faire un retour sur soi et de se retrouver face aux fantômes de votre adolescence, lorsque c'était à votre tour de ne pas encore avoir 20 ans.

Edit: juste un bémol concernant la fin du bouquin - assez saugrenue je trouve o_O

Ce message a été modifié par bunee - 18/12/2005 23:15.


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PoP
post 15/09/2005 15:27
Message #5


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Y'a quoi dans le 5eme arrondissement?


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bunee
post 15/09/2005 15:49
Message #6


Elfe
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Des gens riches je suppose biggrin.gif
Disons que l'expression revient très souvent dans le roman. J'aurais trouvé le choix du 16ème plus explicite mais bon ce n'est pas moi qui ai écrit le bouquin happy.gif .

Ce message a été modifié par bunee - 15/09/2005 15:49.


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Peter Pan
post 15/09/2005 16:04
Message #7


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Hé oh je suis dans le 5ème moi et je suis pas riche !
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bunee
post 16/09/2005 7:35
Message #8


Elfe
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Ben tu devrais: c'est que tu t'es fait avoir alors smile.gif

Adresse tes réclamations à V.D. biggrin.gif


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bunee
post 16/09/2005 10:04
Message #9


Elfe
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Bon je viens de finir Jorn Riel , le canon de lasselille

Bienvenue au sein des paysages grandioses du groenland, oĂą parmi les hommes fleurissent les racontars.

Les racontars sont les petites anedoctes donc les racines sont ancrées plus ou moins profondément dans la réalité.

Les racontars ont les visages changeant à chaque fois que les hommes rudes mais attachants de ces contrées se les échangent sur un fameux banc, le banc aux racontars.

On croise dans cet univers blanc des touristes horripilants, des ivrognes touchants, de grands solitaires qui s'attachent à des animaux plus ou moins habituels, des idiots de village ayant des velléités de baleiniers etc

De multiples tranches de vies dont les personnages se croisent et se saluent virilement. Un grand bol d'air frais, tendre et vivifiant, à inhaler sans modération, juste histoire de se préparer à l'hiver.


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Pistolero
post 16/09/2005 12:15
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C'est dingue comme tu donne envie de lire bunee !!! La maniére dont tu décris les livres, dont tu en parle, c'est vraiment bluffant.



Je sens que quelques bouquins vont s'ajouter Ă  la liste des bouquins en attente d'ĂŞtre lus sous peu...
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bunee
post 17/09/2005 13:24
Message #11


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QUOTE(Pistolero @ 16/09/2005 12:15)
C'est dingue comme tu donne envie de lire bunee !!! La maniére dont tu décris les livres, dont tu en parle, c'est vraiment bluffant.
Je sens que quelques bouquins vont s'ajouter Ă  la liste des bouquins en attente d'ĂŞtre lus sous peu...
*



Hiiii c'est le meilleur compliment qu'on pouvait me faire blush.gif

/me sautille et se trémousse

Ce message a été modifié par bunee - 17/09/2005 13:25.


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bunee
post 19/09/2005 13:14
Message #12


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J'ai fini de lire Ogawa. Ses deux petites nouvelles-ci sont de vraies perles : l’écriture est délicate et soyeuse, aussi fragile qu’une dentelle en papier de soie, l’ambiance sereine et doucement mélancolique.

L'auteur y explore le thème de la maladie, de la mort, et de la séparation. Si de tels sujets peuvent dans l’absolu paraître très sombres, ce n’est pas du tout ce qui ressort de l’œuvre qui est curieusement lumineuse.

Le première nouvelle Une parfaite chambre de malade (ma préférée) raconte comment une femme va vivre la maladie et la mort de son jeune frère à peine âgé de 20 ans. A la révolte devant une mort si injuste succède une métamorphose tant de la relation frère / sœur que des individus.
La scène se déroule dans une chambre d’hôpital qui fait figure de bulle – sanctuaire : la chambre est pure, virginale, loin des traumatismes endurés pendant l’enfance à cause d’une mère atteinte de dégénérescence mentale, et on y passe des instants à la fois fragiles et puissants de silence au sein d’un brouhaha perpétuel. Cette chambre semble immuable, imputrescible et éternelle… Sorte d’utérus improbable d’une mère idéale où se noueraient des liens nouveaux entre jumeaux.
Mais la chambre est également une transition, un sas entre l’être et le néant, l’absence, l’orphelinat. La seule chose qui a l’air d’y disparaître, c’est le jeune frère, être frêle et diaphane s’effaçant au fil du récit.
Outre la façon d’écrire d’une délicatesse touchante j’ai apprécié la façon d’illustrer la dualité Vie / Mort. La fin est particulièrement belle.

La seconde nouvelle La désagrégation du papillon est à la fois plus violente et plus dynamique. Une jeune femme, qui a été élevée par sa grand-mère, se voit obligée de la confier à un hospice car elle devient sénile. Elle est alors confrontée à l’omniprésence de l’absence, mais peu à peu la vieille dame s’efface et devient une entité complètement abstraite. La relation des deux femmes est basée sur un rapport à la normalité : la référence de la jeune fille étant la vieille dame, cette dernière étant partie, elle perd un à un chacun de ses repères. Elle est alors dans une logique de construction d’une relation extérieure et d’une maternité qu’on suppose imaginaire afin de retrouver un point d’ancrage.

Paradoxalement, tandis que l’histoire est basée sur la logique relationnelle, l’écriture se concentre beaucoup plus sur la description de l’individu, et de sa réaction vis à vis de la relation. L’impression en résultant est très charnelle, presque viscérale.

Ce message a été modifié par bunee - 19/09/2005 15:02.


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bunee
post 21/09/2005 10:00
Message #13


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Ornela Vorpsi - Le pays oĂą on ne meurt jamais

Retour doux-amer dans une enfance pas tout Ă  fait comme les autres.
Grandissez en Albanie, dictature socialiste, et emplissez votre mémoire de souvenirs tendrement cruels.

Plume effilée et ironique décrivant une enfance naïve se déroulant tant bien que mal dans une société rude, où le respect ne s’acquiert qu’au prix de la vie (Vis que je te haïsse, meurs que je te pleure), où la Mère – parti pose sur les épaules du peuple une chape immuable de misère et d’injustice, où la simple expression d’une plainte vire au délit politique.

Les paysans crachent leurs dents pas poignées, les fusillés sont condamnés à reposer dans des amphores, les partisans réécrivent l’histoire et l’enfournent à grands coups de burin dans la tête des écoliers, les derviches proscrits exaucent les souahaits interdits des enfants qui embrassent leur tombe.

Les jeunes filles, dont la féminité est honnie, évoluent le corps comprimé sous les couleurs nationales ; soit elles sont laides, soit elles gagnent ce que l’auteur appelle la putinerie.

Dans ce pays on ne meurt jamais. La conscience de la mort suppose une conscience tant de l’individu que de l’altérité, notions justement remises en cause par cette société.

Rêve de terre promise. Mais lorsque vous y débarquez vous mettez les pieds sur une réalité toute différente. Et où vous reprenez conscience qu’autrui n’est pas le seul à savoir mourir.
La lecture vous fait caresser de l'oeil la noirceur absurde d'un régime totalitaire.



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post 02/10/2005 17:46
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Brefs entretiens avec des hommes hideux - David Foster Wallace

Ces vingt-trois nouvelles écrites à l'acide zygomatique vous ouvrent un univers où se cotoient les démons que chacun de nous héberge au sein de son entrelac neuronal.

Des dépressives sollicitant leur échaffaudage émotionnel, des thérapeutes suicidaires, un jeune garçon pris de stupeur sur le plongeoir d'une piscine, des psychotiques, un couple bancal, des relations filiales pathologiques, des secrets d'alcôves. Personnages ridcules, méchants, torturés. Slalomez entre les décors froids et métalliques et les tentures de velours pourpres, entre les monologues téléphoniques et les dialogues méditatifs.

Petite galerie des horreurs, buvons l'encre vitriolée jusqu'à la lie. Plume délicieusement drôle et acérée égratignant les comportements, entre ironie, cruauté, scènes grotesques et humour noir. Un régal, un style étourdissant et brillant, versatile et passant du précieux au vulgaire, des phrases percutantes. Bref on en redemande, c'est vraiment du très bon.


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bunee
post 02/10/2005 17:50
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Trajet d'une amoureuse Ă©conduite - Anne Brochet

Récit autobiographique d'un amour malheureux (en supposant qu'il puisse en être autrement car comme disait le poëte l'amour heureux n'existe pas - bien sur ceci peut paraître affreusement pessismiste ce qui est dans une première mesure vrai mais dans une seconde mesure faux si on estime que l'amour, réaction purement chimique embrumant le cervelet droit d'une certaine catégorie d'individu, rend sa victime complètement inapte à une moindre prise d'un quelconque recul et encore moins à prendre en considération l'existence d'un quelconque malheur, donc ce ne serait pas tant l'amour en lui-même mais plutôt sa disparition qui rende malheureux. ), des prémisses au chant du cygne.

Difficile pour les personnes qui ont un jour été très amoureuses de ne pas s'y retrouver à un moment ou à un autre (ce postulat bien sûr ne vaut que pour les personnes concernées qui un jour se sont senties éperdumment amoureuses, en supposant qu'on puisse se sentir éperdumment amoureux puisque le principe même d'être éperdument amoureux suppose qu'on prenne conscience de la dimension éperdue de la chose, ce qui d'emblée n'est pas évident au regard de ce qui a été énoncé dans la première parenthèse).

Je te dis vous, et ça donne au récit un détachement assez paradoxal.

Fluidité de la plume alliée à des images de lieux anodins pour tous mais parlants pour une.

MĂŞme si le dimension voulue arty de l'oeuvre la pollue un peu, l'ensemble reste bien sympathique Ă  lire.


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bunee
post 29/11/2005 0:53
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et on continue sur la lancée


Les portes de la perception - Aldous Huxley


Si les portes de la perception étaient nettoyées, toute chose apparaîtrait à l'homme tellequ'elle est, infinie - William Blake

J'ai longtemps cherché ce livre dans mes librairies habituelles, puis, après avoir passé commande et obtenu l'objet tant convoité, je m'y suis plongée avec empressement, enthousiasmée par l'image que je m'étais faite de l'oeuvre (j'avais été ravie par le style d'écriture du meilleur des mondes, ce qui me paraissait de très bon augure).

En matière de littérature c'est un peu comme au cinéma: on est toujours un peu déçu par ce dont on attend beaucoup. Le livre se divise en un peu plus d'une vingtaine de chapitres. Le premier d'entre eux "les portes de la perception", s'attache à une analyse descriptive des effets liés à une ingestion de mescaline. N'imaginez pas une débauche de visualisations chaotiques et trash ou un trip du même acabit que Las Vagas Parano: plutôt qu'à un délire coloré, le lecteur assiste à l'épluchage lucide de l'intensité accrue de la perception induite par l'usage des psychotropes (l'auteur y aborde la notion d'Istigkeit). Selon Huxley, qui reprend à son compte les écrits de Blake, la conscience humaine agit de façon systématique comme un filtre, ne laissant passer que les informations utiles. La mescaline est un moyen idéal d'éliminer la fonction filtre dans la mesure où son usage comporte le moins d'effets secondaires si on la compare aux autres psychotropes.

J'ai décroché au fur et à mesure: le début était à mon goût vraiment prenant, instructif, presque fascinant. Mais, j'ai trouvé que le reste de l'essai l'était bien moins. Les tentatives d'Huxley visant à expliquer les phénomènes religieux et méditatifs en les mettant en parrallèle avec les mécanismes psychiques humains étaient intéressantes, à défaut d'être convaincantes. Ce à quoi vous pourrez me répondre et m'assurer que Huxley n'étant pas un propagandiste reconnu, ses écrits n'avaient pas comme vocation première de "convaincre le" ni même "d'emporter l'adhésion du" lecteur. Même la plume manque de fluidité, j'ai trouvé la lecture laborieuse, ce qui est curieux quand on compare avec d'autres oeuvres du même auteur. Je sais bien qu'on n'écrit pas de la même façon un roman / une nouvelle / un essai, mais pour moi ça reste quand même décevant.

Lilian Jackson Braun - Le chat qui jetait des peaux de banane

On retrouve ici le chroniqueur haut en couleurs, philantrope, amateur de beaux livres et de belle musique dénommé Qwill, flanqué de ses deux siamois, Koko et YomYom. Dans leur bonne ville de Pickax, perdue à environs 600 Km au nord de partout, le club théâtre voit disparaître un de ses acteurs. De l'accident supposé on ne tarde pas à imaginer un affreux meurtre, d'autant plus qu'un nouvel individu arrivé dans le comté suscite la curiosité (et, accessoirement, semble convoiter la bonne amie de notre chroniqueur susvisé). Qwill se voit embarqué dans l'écriture d'un livre dédié à une étrange bâtisse dont l'incendie semble inéluctable et un livre d'Hemingway dédicacé d'une valeur de 5000 dollars disparait au nez et à la barbe du bibliochat aux yeux verts. De multiples intrigues naissent, la vie suit son cours et la rumeur court. Le stock de bananes de Qwill disparait peu à peu et, au final, ça fait beaucoup de mini-mystères pour un seul petit bouquin...

Le dit bouquin ne se prend d'ailleurs pas au sérieux, et c'est tant mieux. Vif, ludique, drôle mais jamais enfantin, l'auteur nous emmène comme on emmène les enfants au théâtre; c'est d'ailleurs ce qui nous attend: une mise en scène vive et tendre, des personnages tantôt amusants, tantôt émouvants, et parfois même ténébreux.
Ce livre est une petite joie simple, comme un thé bien chaud au retour d'une promenade pluvieuse (ou avant d'aller se coucher, ceci dépend de l'instant auquel vous préférez déguster votre thé, sachant que si vous n'êtes pas particulièrement amateur de thé vous pouvez très bien le remplacer par une boisson chaude plus à votre goût, par exemple du chocolat ou du café, sous réserve bien sûr de veiller à ce que la caféine ne vienne pas troubler le repos amplement mérité, le laps de temps accordé au repos coïncidant en l'occurrence avec la plage horaire suivant directement la soirée - il est également conseillé aux personnes disposant d'une vessie de petite taille de ne pas ingérer de liquide immédiatement avant le coucher, mais avec un décalage susceptible de leur épargner une pénible escapade dans le froid des ténèbres qui règnent à 4 heures du matin ).


Dieu porte-t-il des lunettes noires? et autres nouvelles - Maurice G. Dantec

Je ne connaissais l'auteur que de nom, et n'étant pas très versée dans la SF, j'hésitais un peu à me lancer dans la lecture d'ouvrages comme La sirène rouge ou les racines du mal. Or, lors d'une de mes excursions dans un célèbre magasin au carré jaune.com, je suis tombée sur une de ces éditions bon marché qui contiennent deux/trois nouvelles, ainsi qu'une bref entrevue avec l'écrivain concerné.

Cette Ă©dition contient trois nouvelles.

Première d'entre elles, Dieu porte-t-il des lunettes noires?

Frank voit un voyageur transquantique lui proposer, à l'aide de lunettes noires spéciales et d'un gros Ruger, de remonter dans le temps pour tuer une personne, celle qu'il jugera la plus criminelle de toute l'histoire de l'humanité. Le choix de Frank finit par se porter sur Hitler (là dessus rien de très original), mais une fois en face du futur dictateur (encore au berceau, puisqu'il a réussi remonter dans le temps), un curieux paradoxe l'empêche de mener à terme sa mission. L'idée est là aussi amusante, beaucoup de questions sont laissées à l'appréciaion du lecteur, mais le thème reste à mon goût très classique.

Deuxième nouvelle, THX Baby.

Dans un futur advenant après la ruine écologique de la planète, seuls quelques êtres humains ont les moyens de se payer un exil sur les colonies installées sur les autres planètes. Un homme, auquel ce rêve semble parfaitement inaccessible, achète auprès de son dealer officiel une drogue toute nouvelle, celle qui ramène la conscience au commencement. A son insu, il va être le cobaye d'une toute nouvelle expérience. Idée assez originale mais le trip et l'expérience en eux-même ne sont pas assez approfondis, c'est vraiment dommage.

Dernière nouvelle, Quand clignote la mort électrique.

Grandeur, espoir et décadence d'un apprenti caïd ramant pour se sortir de la cité. Racontée à la façon d'un flash back: de l'ivresse des paillettes cocaïnophiles nocturnes à la douleur aveugle d'une agonie en bord de route. Rappelle un chouilla Retour à Brooklyn, mais sans le talent narratif d'Hubert Selby Jr (attention je ne dis pas que c'est dénué de talent, ne me faite pas dire ce que je n'ai pas dit).

En bref: ça se lit assez facilement, ça évoque beaucoup de choses mais sans nous y emmener vraiment. Pas de réel décollage, pas de réelle évasion. Un peu à la manière d'un beau prospectus de voyages. Bref je reste sur ma faim et je suis affreusement frustrée (a priori ça se soigne). J'ai sans doute du rater quelque chose laugh.gif



Ce message a été modifié par bunee - 13/12/2005 9:53.


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OlendelL
post 29/11/2005 12:05
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/me se titille et mousse run.gif


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bunee
post 29/11/2005 15:52
Message #18


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Mousse rolleyes.gif

Plutôt façon Guinness ou bien façon Chimay?

(edit: non non cela n'a rien d'obsessionnel)

Ce message a été modifié par bunee - 29/11/2005 17:22.


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bunee
post 13/12/2005 10:09
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Me revoilà (ça faisait longtemps, hein?)

Jean-Claude Dubois, une vie Française

Je me méfie en général des couvertures qui arborent le bandeau écarlate "Prix ... 200x" comme d'autres brandiraient un étendard ou une baïonnette, mais comme je n'avais encore rien lu de cet auteur, je me suis dit que ce serait l'occasion de faire connaissance avec un style nouveau.

Grand bien m'en a pris. L'auteur évoque dans ce roman sa vie (à Toulouse), le découpage s'éffectuant en suivant les diverses étapes de la vie politique et institutionnelle française mais aussi étrangère. De la mort de son grand frère lorsqu'il était enfant, plaie béante et résurgente à la façon d'un cantique, à la perte de sa femme et de sa fille (chacune étant perdue à sa manière) en passant par une jeunesse typique mai 68, de De Gaulle à Chirac en passant par les effondrements boursiers (ndlr: ce terme ne désignant d'aucune façon que ce soit une éventuelle mésaventure masculine traumatisante) et les hausses pétrolières, de l'initiation sexuelle aux désillusions amoureuses, récit d'une vie à la marge d'elle même.
Le récit est très agréable à lire, plein d'humour et de tendresse, parfois ironique et desabusé. Petit bémol cependant, beaucoup de clichés pouvant devenir agaçants.

Franci Scott Fitzgerald, une vie parfaite suivie de l'Accordeur


J'avais déjà adoré la sorcière rousse et la coupe de cristal.
Dans une vie parfaite, on voit le jeune Basil qui, à l'age de seize ans, jure de mener une vie sans nicotine ni flirt ni alcool (donc vertueuse etc), et d'y convertir le plus de gens possible. Seulement, lors d'une thanksgiving, il va être confronté aux réalités de l'existence.
Dans l'accordeur, Luella est une femme objectivement comblée: belle, jeune, bien mariée et maman. Mais elle ne peut se résoudre à mener une vie en dehors des lumières de la ville et ne supporte pas de s'astreindre à gérer un quotidien routinier. Elle est prête à partir lorsque surgit dans son cercle un étrange monsieur Moon.
De très bon récits, doucement amers et drôles, une plume désenchantée dans le pur style de Fitzgerald, des personnages perdant leurs rêves et s'inscrivant dans une réalité qu'ils refusaient auparavant. J'ai une tendresse toute particulière pour la seconde nouvelle.

Guy de Maupassant, Le verrou et autres contes grivois
7 délicieuses petites nouvelles drôles et charmantes où les femmes, légères et coquettes, font tourner le coeur des hommes (rien de salace rassurez vous).
Le verrou Ă©voque l'indispensable chose Ă  faire dans votre chambre lorsque vous ĂŞtes en galante compagnie;
Marroca souligne les charmes insoupçonnés des idylles africaines,
La patronne décrit la découverte des surprenants appâts d'une logeuse revêche,
L'Idylle narre une rencontre improbable dans un train entre l'Italie et Marseille,
Les épingles figure la complicité de deux amantes au frais d'un même homme,
Allouma se souvient du mystère fuyant des femmes des sables,
Les Tombales font penser aux diaboliques errant dans les cimetières.
Vraiment distrayant et drôle, très accessible.

Léonard de Vinci - prophéties précédé de Philosophie et Aphorismes.

Ou comment De Vinci combat les crédulités populaires de son temps.
Beaucoup de textes semblent évidents, mais il ne faut surtout pas perdre de vue le contexte historique de l'oeuvre. C'est plutôt à lire comme un recueil de citations, de thèmes à méditer.
Par contre la lecture est laborieuse: phrases tortueuse, langage particulier ... Souvent il faut s'y prendre à plusieurs fois afin de saisir le sens d'un paragraphe, pour ensuite s'exclamer, en étirant de façon dubitative un sourcil en forme d'accent circonflexe gauche "oui, et?" ou bien "tout ça pour ça?", mais c'est parceque, en vil cancre que je ne me lasse pas d'être, je n'ai pas appliqué systématiquement le précepte ci dessus, à savoir garder en tête le contexte.

Quant aux prophéties, on vire très vite au kitch, comme un mélange de Paco Rabanne et de Nostradamus. Disons plus exactement que l'absence de notes et bas de pages explicitant les références interdit toute compréhension rationnelle du texte qui évoque ici , je résume de façon excessivement grossière , un monde à l'envers, un peu comme dans le poeme d'Aragon, la nuit en plein jour.

Bref, autant les aphorismes et la philosophie sont intelligibles, autant le reste --> Ă´_O

Ce message a été modifié par bunee - 21/12/2005 14:05.


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bunee
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Nick Hornby - Vous descendez?

J'avais, il y a quelques temps déjà, lu et adoré Haute fidélité, du même auteur, qui faisait un peu penser au Journal de Bridget Jones, mais d'un point de vue masculin (un quadragénaire fait une rétrospective pleine d'humour sur sa vie stagnante dans tous les domaines). C'était à se taper des crises de rire assez atroces.

L'auteur a récemment récidivé, pour le plus grand bonheur de ma sangle abdominale.

"Vous descendez?" commence un peu comme les petits suicides entre amis: quatre personnes, qui ne se connaissent pas au départ, envisagent de se suicider en haut d'un immeuble de Londres, à la St Sylvestre. Il y a Maureen, une femme sans âge dont le fils était, est et restera en état végétatif; Martin, un ex présentateur télé libidineux à peine sorti de prison; Jess, une fille de ministre complètement jetée depuis la disparition de sa soeur; et JJ, musicien américain raté et récemment largué par sa petite amie.

Autour d'une pizza, les quatre protagonistes vont faire connaissance, et, même si ça ne semble pas gagné au départ, un petit bout de chemin ensemble (suivant l'expression consacrée).

C'est déjanté, acide, ironique, le schéma narratif est très dynamique, on passe sans arrêt du point de vue de l'un au point de vue de l'autre. Vraiment excellent.

Bref, j'ai adoré happy.gif


Ce message a été modifié par bunee - 21/12/2005 14:06.


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Douglas Coupland -- Girlfriend dans le coma

Douglas Coupland a été remarqué notamment pour "Génération X" et "Toutes les familles sont psychotiques".

Embrasser ici un regard critique sur la désillusion, la recherche des idéaux inhérente à la jeunesse, et la volonté de briser les façades sociales.

Karen, 17 ans ans, est une adolescente comme les autres, même si ces derniers temps son régime lui a un peu détraqué le cerveau. Du coup, au bout de deux valium et deux vodka, elle entre dans un profond coma, abandonnant aisni son univers sans histoire des années 70.

Ses amis et son petit ami vont donc devoir continuer sans elle une vie dont ils ne saisissent pas le sens. Mais 17 ans plus tard elle recouvre la conscience. Un esprit de 17 ans dans un corps de 34 ans, devant assimiler le fait d'être mère, la chute du mur de Berlin (On pense ici vaguement à Good bye Lenine), la propagation du sida, les innovations technologiques et toute autre mutation sociale (omniprésence des impératifs d'efficacité et de rapidité, par exemple).

Vient alors à se produire un curieux enchaînement de coïncidences improbables et d'évènements étranges, sur un air de fin du monde mystique ... Tout au long de cette sorte de rite initiatique, ils sont accompagnés par Jared, ange - camarade de classe mort à 16 ans d'une leucémie.

On se glisse assez facilement dans la tête des personnages, l'écriture fait l'effet d'un bonbon qui picote sous la langue, tendance aigre-douce. Couleurs saturées, passages parfois kitchouilles, l'organisation spatio-temporelle du récit évoquera sans doute pour certains l'excellent Donnie Darko.

Sympathique, donc, même si on peut peut-être regretter une fin un peu tordue avec quelques clichés (mais c'est justement l'aspect tordu qui est amusant).



Ce message a été modifié par bunee - 08/01/2006 22:12.


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Arto Paasilinna - Un homme Heureux

Lorsque j'avais savouré avec une délectation amusée les petits suicides entre amis, je m'étais promis de faire plus ample connaissance avec l'écriture vitriolée et douceâtre de ce finlandais. J'ai donc profité de la parution de son dernier roman.

Bonne pioche!

Il raconte ici l'histoire mouvementée de Akseli Jaatinen, ingénieur spécialiste des ponts et missionné par l'Etat dans une bourgade tranquille Kuusmäki (normal, c'est finlandais). Anti conformiste et différent, doté d'une chance insolente, il va très vite s'attirer l'hostilité des notables de la ville, pures caricatures de personnages tantôt grossiers , tantôt ridicules, d'une société conservatrice et frileuse, situations entre le pathétique et le comique....

Humilié, chassé, notre ingénieur réapparaît pour mieux se venger, en retournant contre leurs auteurs les manoeuvres les plus diverses. C'est yummy, rythmé, charmant.

(petite référence, dans le bouquin, au lièvre de Vatanen pour ceux qui connaissent)


Ce message a été modifié par bunee - 20/01/2006 23:54.


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(pas de raison pour que je vous Ă©pargne)

Charles Dantzig - Dictionnaire égoïste de la littérature française

L'avantage avec ce genre d'oeuvre c'est qu'on peut le lire à son temps, selon son humeur et en commençant à l'endroit où on préfère.
Effroyablement conventionnelle, j'ai commencé à compulser les entrées commençant par "A" (Original n'est-ce pas?). Et puis le reste est venu très vite, en dépit du nombre plutôt important de pages 962 pages pour être précise. C'est très relatif, et ce nombre pourra sans doute paraître à certains dérisoire, mais ça fait quand même un bouquin suffisament épais pour ne rien avoir à envier aux vieux grimoires).
J'ai trouvé ça excellent ( c'est un terme redondant chez moi). L'auteur nous offre un panorama du paysage littéraire essentiellement français, sans contraintes d'époques ou de style, on navigue de Bossuet à Yourcenar et Zola, de la notion de Talent aux personnalités des auteurs ("A quoi ressemblent-ils")...

QUOTE
Facile Ă  lire :
On entend parfois: Proust est difficile à lire. C'est faux: ce qui est difficile à lire, c'est Barbara Cartland, parceque c'est très mal écrit. Hélas, les lecteurs sont trop humbles.


C'est original, personnel, l'écriture est scintillante et soignée, un langage soutenu et rigoureux, de très belles pointes d'ironie et c'est au final un régal. Seul petit bémol M. Dantzig a la fâcheuse habitude de nous donner l'âge auquel il a lu les bouquins et à force ça complexe un peu.
C'est très dense et ça nécessite de rester concentré pour lire mais ça a priori tout le monde sait faire.
Vraiment je vous le conseille - il permet entre autres, de découvrir beaucoup d'aspects peu connus de nos auteurs.

Pour vous faire une idée vous pouvez trouver quelques extraits ici.


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post 14/02/2006 6:52
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(bon j'ai mis du temps pour celui-lĂ  mais j'ai eu des foules de choses Ă  faire)

TC BOYLE - 25 histoires de mort

25 contes à la fois réalistes et macabres, grinçants et vitriolesques à souhait, qui s'enchaînent à un rythme effréné.

On y voit un ex-taulard embauché dans une clinique du middle-west dédiée à l'avortement, un touriste au Mexique ivre mort amoureux d'une boxeuse, un ex-punk paumé en pleine guerre civile sud américaine, des vieux perclus d'arthrose, des vendeurs d'alarmes jouant sur les peurs des gens, un pacte avec quelqu'un qui fait penser au diables, des familles paranoïaques s'enfermant dans des bunkers à vocation post-fin-du-monde ....

Nouvelles écrites comme autant de flirts avec la faucheuse, American way of life gravé façon eau forte, c'est excellent à lire, même si le style - drôle et méchant - est à mon avis plus accessible mais nettement moins brillant que celui de David Foster Wallace (voir ci dessus n° 14).

T.C. Boyle est également l'auteur du Roman América qui avait eu un beau succès il y a quelques années.

Avis aux amateurs!



Ce message a été modifié par bunee - 14/02/2006 14:23.


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bunee
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Jean Echenoz - Ravel

(oui oui comme le compositeur)

Sont relatées ici les 10 dernières de l'existence de l'artiste, médiocre pianiste, chétif et fragile comme un oisillon tombé de son nid, distrait, génial et desinvolte, la gauloise au bec et le costume impeccable.
Son incroyable participation à la guerre de 14-18, son périple à travers l'Europe et les US, de concerts en réceptions, dans un monde désuet et plein de charme.

Touchantes, l'inexorable déchéance et la souffrance d'un esprit désormais étranger au corps qui l'héberge. Insomnie, ennui, il vacille, détaché de la trépidance du monde.

Le roman est court mais très dense, l'écriture délicate et pleine d'images.

Vraiment très bien à lire.

Pour plus d'infos ... Allez vous promener par lĂ 

Ce message a été modifié par bunee - 07/03/2006 19:35.


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bunee
post 02/03/2006 6:53
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Murakami - Kafka sur le rivage

Enchanteur.

L'auteur revisite le mythe d'oedipe qui fait ici l'objet d'une étrange prophétie: c'est cette prédiction qu'inflige le célèbre sculpteur (à ses heures perdues tueur de chats dont il vole les âmes afin d'en faire une flute) à son fils Kafka Tamura, agé de 15 ans.

L'adolescent prend la route avec son sac a dos et un peu d'argent liquide, part vers le sud, et atterrit, après quelques rencontres et péripéties, dans une mystérieuse bibliothèque ou travaille un bibliothécaire transsexuel. Parrallèlement on peut suivre l'histoire de Nakata, simple d'esprit, capable de parler aux chats, qui se joint a un jeune routier pour un mission encore indéterminée vers le sud.
Les chemins de vie finissent par s'entremĂŞler Ă©trangement, s'imbriquant les uns au travers des autres, et tout devient enfin Ă©vident . Parfaite illustration d'une quĂŞte initiatique, Ă  la recherche de soi-mĂŞme et des liens qui peuvent nous unir au monde et aux autres.

Ce monde est peuplé d'esprits vivants et de métaphores, nuancé d'absurde et d'improbable, la plume est très belle et troublante, tantôt cristalline tantot terre à terre, c'est une assez fascinante élévation mais qui demande un minimum d'attention

Chaudement recommandé aux fans de littérature japonaise en tout cas smile.gif



Ce message a été modifié par bunee - 09/03/2006 19:30.


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Sir Concis
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+1 pour Haruki Murakami.

C'est mon auteur préféré et j'ai lu quasiment tout ses bouquins. Kafka sur le rivage n'est pas nécessairement son meilleur opus, mais est trsè très bon.

Murakami est vraiment très fort pour faire voyager l'esprit.

Note pour Sha : depuis le temps que je te dis qu'il faut essayer !


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Sha
post 06/03/2006 17:58
Message #28


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QUOTE(Sir Concis @ 06/03/2006 13:18)
Note pour Sha : depuis le temps que je te dis qu'il faut essayer !
*



Moui... je suis très terre à terre dans mes lectures, j'ai peur de passer complètement à côté là smile.gif


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bunee
post 06/03/2006 21:27
Message #29


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Sir Concis: C'est vrai qu'il nous offre un très beau voyage.
Qu'est ce que tu as préféré comme ouvrage de Murakami?


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Sir Concis
post 07/03/2006 15:12
Message #30


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LA course au mouton sauvage m'a vraiment donné envie de partir chercher le mouton.

Mais mon préféré reste "South of the border, west of the sun". Définitivement.

Spoutnik Sweetheart est très haut placé dans le classement également.

(désolé pour les titre en anglais, mais je les ai lu en anglais et/ou français).


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